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Stock

Les éditions Stock sont une maison d'édition française, filiale de Hachette Livre, elle-même filiale de Lagardère Media.


Cette nuit-là, Gila Lustiger

Ecrit par Stéphane Bret , le Vendredi, 26 Avril 2013. , dans Stock, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman

Cette nuit-là, janvier 2013, 236 pages, 19 € . Ecrivain(s): Gila Lustiger Edition: Stock

 

C’est un roman à deux voix : celle de Lisa et de Tania, deux sœurs. Lisa est célibataire, toujours prompte à signer toutes sortes de pétitions sur Internet. C’est une indignée permanente, une révoltée de tous les instants. Elle pratique la fuite dans la vie comme art de l’esquive et collectionne les amants jusqu’à l’étourdissement censé la soulager. Tania est la battante de la famille Bergmann : elle a divorcé d’un économiste célèbre, a épousé un autre homme passablement effacé, Denis. Elle est cadre supérieure dans une banque d’affaires.

Au début du roman, ces deux sœurs veillent leur oncle, décédé d’un cancer. La place qu’occupe cet oncle serait presque celle d’un père de substitution ; il était générateur de regrets, de non-dits a priori nombreux : « Un bref instant, elle (Lisa) aurait presque accouru dans la chambre – lui avait-elle seulement dit qu’elle l’aimait ? – (…) et elle avait décidé, non sans une pointe d’amère ironie, d’ajouter à la longue liste des occasions ratées et des gestes abandonnés celle des mots omis par négligence (ou délicatesse) qui lui semblait parfois plus longue que la liste des choses vécues ».

Le bruit de nos pas, Ronit Matalon

Ecrit par Martine L. Petauton , le Lundi, 04 Mars 2013. , dans Stock, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, Israël

Le bruit de nos pas, traduit de l’hébreu (Israël) par Rosie Pinhas-Delpuech, août 2012, 466 p. 22,90 € . Ecrivain(s): Ronit Matalon Edition: Stock

 

« Le bruit de ses pas : ni un cliquetis de talons, ou un raclement de sabots, ni un frottement de semelles ou de pieds qui traînent sur les pierres du trottoir conduisant à la maison, non. L’absence de bruit de ses pas, l’angoisse qui se répand à l’approche de sa venue, son entrée, le silence absolu, plein, mesuré à l’unité temporelle de douze minutes et qu’annonçait l’arrivée de l’avant-dernier autobus, celui de onze heures, dont elle descendait… ». Tout, presque tout, du livre, dès les premières lignes : longues phrases précises et meublées ; rythme travaillé, lourd et traînant comme le climat de là-bas ; on pourrait dire, une musique – du Slam, par exemple. Densité de tous les micro-faits – arrière-boutique d’un accessoiriste de cinéma, où l’on trouve exactement tout ; bouts de vêtements, couleurs, odeurs. Peu de personnages ; on le sent d’entrée, mais pesant, lourds comme l’or, sur un décor minimaliste, dessiné à la perfection. Langue hébraïque zébrant le récit, dont on garde l’accent, chantant et rauque à la fois, au creux de l’oreille : – ya tawli, ya rouh ! Que tu vives longtemps, mon cœur !

Qu'avons-nous fait de nos rêves ?, Jennifer Egan

Ecrit par Anne Morin , le Mercredi, 24 Octobre 2012. , dans Stock, Les Livres, Recensions, La Une Livres, USA, Roman

Qu’avons-nous fait de nos rêves ?, trad. de l’anglais (USA) par Sylvie Schneiter, 371 pages, 22 € . Ecrivain(s): Jennifer Egan Edition: Stock

Tout d’abord, une envie de dire qu’on a déjà lu ça, que c’est de l’histoire ancienne : les années passées, la fuite du temps, la jeunesse un peu paumée, tatouée, « piercée », droguée, rock’n roll, beaucoup musicienne, les rassemblements de foule, la vie dans une cité sans âme, les rêves broyés, rendant à chacun son anonymat premier. Comment s’appelait-il (elle) déjà ? Refaire sa vie, la revivre à l’envers, avec des incrustations ici ou là, des arrêts sur image plus ou moins longs.

Lincoln, le fils adolescent de Sasha, l’a bien compris qui, fou de rock, apprécie la chanson à l’aune de ses pauses.

C’est l’histoire d’un petit groupe de musiciens adolescents, c’est l’histoire du monde du (show) business, des ratés de la vie, des loupés, des actes manqués, comme ces petits assemblages que fait Sasha, cleptomane, des objets dérobés, pour leur donner une autre vie, une autre chance, comme ces distorsions que fait subir à ses journées la petite fille de Sasha, décomposant et recomposant la vie de sa famille en bulles, en arbres généalogiques, en labyrinthes, en jeux fléchés où questions et réponses se mordent la queue, donnant à entendre qu’on peut tout refaire, une fois fixées les choses. Ou ces SMS dont la langue phonétique s’apprécie aussi en langage des signes : ouvrir les doigts ou les rapprocher, pour s’éloigner du texte ou de l’objet de l’échange, ou le faire venir à soi.

Noces de verre, Philippe Routier

Ecrit par Paul Martell , le Dimanche, 15 Janvier 2012. , dans Stock, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Noces de verre, janvier 2012, 224 p. 18 € . Ecrivain(s): Philippe Routier Edition: Stock

La banalité du mal.

La formule d’Hanna Arendt pourrait s’appliquer au livre de Philippe Routier, Noces de verre, qui nous propose un voyage très éprouvant pour les nerfs.

Le père de Khadija, Tareq, est épicier à Puteaux. Après la mort de sa femme, il décide de retourner au pays, à Essaouira au Maroc. Khadija a 19 ans, elle travaille dans un magasin Relay et, pour elle, ce départ est le début d’une « cruelle solitude » qui durera de longs mois. Solitude que semble briser, un an plus tard, sa rencontre avec Virgile dans une laverie automatique.

Virgile suit des études pour devenir prothésiste dentaire et il est passionné de tuning. Ce n’est pas exactement le coup de foudre entre les deux gens, mais ils vont être amenés à se fréquenter et à se plaire l’un l’autre.


« Khadija voyait en son compagnon un garçon un peu fruste au charme puissant, plein de tonus, qui aimait potasser ses cours et qui saurait se bâtir un solide avenir. Elle avait besoin de s’appuyer sur un jeune homme de cette trempe pour entamer une nouvelle vie. Cette nécessité affaiblissait son discernement et lui ôtait toute méfiance. »

Room, Emma Donoghue

Ecrit par Paul Martell , le Samedi, 08 Octobre 2011. , dans Stock, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, La rentrée littéraire

Room, traduit de l’anglais (Canada) par Virginie Buhl, Stock, La Cosmopolite, 402 p. 21,50 € . Ecrivain(s): Emma Donoghue Edition: Stock

Jack va bientôt fêter ses cinq ans. Il est un garçon comme les autres, avec des préoccupations de son âge… sauf qu’un certain nombre d’éléments bizarres régentent sa vie.

On apprend ainsi que « le grand méchant Nick » rôde. Il peut faire irruption chez eux tout à coup. Sa mère préfère alors cacher Jack dans un placard pour qu’il ne le voie pas…

Les dialogues prennent parfois une tournure inattendue, presque surréaliste.


« – Pourquoi t’as pas demandé des bougies comme Cadeau de Dimanche ?

– Eh bien, la semaine dernière, nous avions besoin d’analgésiques ».


Au fur et à mesure, on apprend que Jack et sa mère son séquestrés dans une même et unique pièce depuis des années, la « room » du titre. Jack y est né. Et ils n’ont pas moyen de s’échapper, la mère s’y est déjà risquée et l’a amèrement regretté…