Identification

Serge Safran éditeur

Diffusé par Le Seuil et distribué par Volumen, Serge Safran éditeur, créé et animé par Serge Safran, écrivain et cofondateur des éditions Zulma, propose a priori quatre à cinq titres par an de littérature contemporaine, française ou étrangère. À savoir un choix personnel guidé par l'originalité du sujet, la force d'émotivité et le dérangement des codes établis, qu’ils soient moraux, littéraires ou esthétiques. L'idée est avant tout d'offrir de réelles découvertes. Donc de privilégier, sans que cela soit une contrainte, ni une limite, de nouveaux ou jeunes auteurs, en tout cas des écrivains méritant d’être soutenus et encouragés avec passion. Il ne s’agit pas de revendiquer une rupture littéraire formelle à tout prix, mais que ces œuvres puissent exprimer une forte personnalité à travers un sujet à caractère universel comme, par exemple, la relation entre des visions opposées du monde, sur toile de fond historique, géographique ou sociale spécifique.


La Baignoire, Lee Seung-U

Ecrit par Marc Ossorguine , le Vendredi, 22 Avril 2016. , dans Serge Safran éditeur, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Asie, Roman

La Baignoire (Yokjoga Noinbang, 2006), mars 2016, trad. coréen Choi Mikyung, Jean-Noël Juttet, 138 pages, 15,90 € . Ecrivain(s): Lee Seung-U Edition: Serge Safran éditeur

 

On pourrait se demander en se plongeant dans La Baignoire, ce qui fait que nous avons les représentations que nous avons concernant la Corée et la littérature coréenne. Pourquoi ? Parce que nous sommes à peu près sûrs que pour la plupart des lecteurs il y aura plus qu’une surprise : un étonnement. Un étonnement amusé mais un étonnement qui pourrait bien être radical et amener une sérieuse révision des idées toutes faites. Cela rappelle tant les explorations d’un auteur français que nous ne nommerons pas (sinon vous n’aurez plus la surprise) que l’on se sent bien loin de l’orient supposément attendu. Puis, passé les premières pages, la surprise va s’accentuant, le décalage entre la forme ludique et la gravité légère du récit fait basculer la nature du livre que vous tenez entre les mains, vous emportant dans un autre monde, une autre vision. Étonnante et déstabilisante cette baignoire qui se remplit sans que l’on réalise bien comment et dont la phrase finit par nous envelopper et nous emporter, à l’image des personnages.

Le Voyage de M. de Balzac à Turin, Max Genève

Ecrit par Stéphane Bret , le Mardi, 22 Mars 2016. , dans Serge Safran éditeur, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Le Voyage de M. de Balzac à Turin, février 2016, 218 pages, 16,90 € . Ecrivain(s): Max Genève Edition: Serge Safran éditeur

 

Un voyage peut-il être l’occasion d’un répit ? Une séquence d’insouciance ?

On serait tenté spontanément de répondre par l’affirmative, à ceci près que le voyageur décrit par Max Genève dans son récit n’est autre qu’Honoré de Balzac, qui entreprend en juillet 1836 un voyage à Turin, car le duc Guidoboni-Visconti, membre éminent de la noblesse italienne, a proposé à Balzac de le représenter pour une affaire d’héritage. Les circonstances de ce déplacement sont très négatives et périlleuses pour l’écrivain. Il vient de publier Le Lys dans la vallée, mal reçu par la critique, et sort de la faillite retentissante de La Chronique de Paris, organe royaliste chargé de diffuser les idées légitimistes et orléanistes. Le journal est bientôt en dépôt de bilan et Balzac est ravi d’accepter cette proposition, qui lui permet provisoirement d’échapper aux créanciers, à l’épuisement créé par des heures et des heures d’écriture et de consommation de café à haute dose.

Une personne accompagne Balzac dans son déplacement vers le Piémont : il s’agit de Caroline Marbouty, abandonnée par son mari et qui, surtout, a écrit, sur commande de Balzac, dans La Chronique de Paris, une nouvelle, puis une deuxième, sous le pseudonyme de Marcel.

Les maîtres du printemps, Isabelle Stibbe

Ecrit par Cathy Garcia , le Mardi, 03 Novembre 2015. , dans Serge Safran éditeur, Les Livres, Critiques, Livres décortiqués, La Une Livres, Roman

Les maîtres du printemps, août 2015, 181 pages, 17,90 € . Ecrivain(s): Isabelle Stibbe Edition: Serge Safran éditeur

 

« Ici vous entendrez parler acier, métallurgistes, syndicalistes, ici vous entendrez parler usines, nationalisation, chômage. Si pour vous ces mots sont synonymes de nuisances et de laideur, s’ils vous font l’effet de répulsifs, si vous prétendez qu’ils doivent être réservés aux colonnes des journaux, section économie ou société, refermez aussitôt ce livre ou, pour les plus modernes d’entre vous, éteignez votre liseuse, en tout cas passez votre chemin, ce texte n’est pas pour vous, autant vous prévenir tout de suite. Entre le ciel et la boue, préférez le ciel, c’est moins salissant ».

Voilà, le ton est donné, ce livre qui a autant de corps que d’âme, une écriture travaillée à la hauteur du sujet, est dédié avant tout « aux combattants sincères de Florange », puis dédié plus largement à tous les travailleurs de ces hauts-fourneaux de Lorraine qui ont fermé, les uns après les autres, et dédié encore plus largement à la mémoire ouvrière, sans misérabilisme, sans naïveté. Fouillé, il vise avec justesse son but, mettre en lumière la dignité de cette classe considérée comme une sous-classe, classe qui après avoir été exploitée pendant plus d’un siècle, se voit maintenant mise à la rue, comme un encombrant obsolète.

Les Maîtres du printemps, Isabelle Stibbe

Ecrit par Stéphane Bret , le Mercredi, 16 Septembre 2015. , dans Serge Safran éditeur, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, La rentrée littéraire

Les Maîtres du printemps, août 2015, 181 pages, 17,90 € . Ecrivain(s): Isabelle Stibbe Edition: Serge Safran éditeur

 

Les Maîtres du printemps est un roman choral, articulé à partir de trois personnages principaux, dont les vies vont s’entrechoquer, se répondre, se faire écho.

Le premier acteur, Pierre Artigas, est métallurgiste à Aublange, localité de Moselle, de la vallée de la Fentsch, région de tradition industrielle autrefois propriété du comité des forges, et par voie de conséquence de la dynastie des de Wendel. Pierre, ainsi qu’il est nommé dans le récit, est syndicaliste, descendant d’immigrés espagnols ; il croit à la solidarité ouvrière, à l’importance de la perpétuation de l’industrie, à la perpétuation de la dignité ouvrière. Il s’implique sans compter dans des actions de toutes sortes : piquets de vigilance, interview auprès des médias pour faire céder « L’Indien » le propriétaire des hauts-fourneaux d’Aublange, peu désireux de prolonger l’activité industrielle en Lorraine.

Le second acteur est Max OBerlé, sculpteur de renom, atteint d’un cancer qui lui laisse peu de chances de survie vu son grand âge – quatre-vingts ans –, a pour dernier projet une statue d’Antigone dans la nef du Grand-Palais. Il se laisse convaincre par des membres du ministère de la Culture, qu’il peut contribuer à la survie du site en sculptant à partir de l’acier produit à Aublange.

Cigogne, Jean-Luc A. d’Asciano

Ecrit par Cathy Garcia , le Jeudi, 10 Septembre 2015. , dans Serge Safran éditeur, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Nouvelles

Cigogne, mars 2015, 184 pages, 16,90 € . Ecrivain(s): Jean-Luc A. d’Asciano Edition: Serge Safran éditeur

 

C’est un véritable et déconcertant régal que nous sert ici Jean-Luc d’Asciano, en sept nouvelles, ciselées comme des joyaux rares, sept nouvelles étranges, dérangeantes, on en frissonne souvent. C’est beau et puis noir et mystérieux comme un lac profond. On navigue entre portraits de personnages atypiques, réalité sociale et contes initiatiques forcément un peu cruels, et drôles aussi. L’enfance y est très présente avec tout son potentiel de création et de destruction et puis des animaux, beaucoup d’animaux. En fait, c’est difficile à classer car c’est vraiment très original, l’auteur nous embarque dans un imaginaire d’une très grande richesse et on comprend tout de même que c’est le réel qui a servi de matériel de base, le réel comme une vase épaisse où puiser des choses qui paraissent si invraisemblables qu’elles sont forcément vraies. Il y est question des folies de chacun, des différences qui font que chaque humain est un continent à lui tout seul et de l’acceptation aussi, de la force du lien et de l’amour.