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Fayard

Fayard est une maison d'édition française fondée en 1857 par Joseph-François Arthème Fayard. Le libellé complet du nom de l’entreprise est Librairie Arthème Fayard.

 


L’abandon des prétentions, Blandine Rinkel

Ecrit par Frédéric Aribit , le Vendredi, 10 Mars 2017. , dans Fayard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

L’abandon des prétentions, janvier 2017, 240 pages, 18 € . Ecrivain(s): Blandine Rinkel Edition: Fayard

 

« Sans doute, n’aimons-nous jamais que les énigmes » : de celles, merveilleuses, qui voient par exemple un livre s’ouvrir sur une phrase d’Annie Le Brun. Le ton est donné : Blandine Rinkel, d’emblée, place son premier roman à un niveau d’exigence littéraire qui force le respect. Annie Ernaux ? Pierre Michon ? L’abandon des prétentions lorgne en effet vers de sacrés aînés qui en intimideraient plus d’un.

Appelons donc cela roman, puisque c’est marqué sur la couverture. Une jeune femme fait le portrait kaléidoscopique de sa mère, Jeanine, prof d’anglais à la retraite à Rezé, petite ville près de Nantes. 65 ans et, pour elle, 65 chapitres brefs écrits à la première personne – 66, en comptant ce chapitre 0 qui affiche le projet d’une fille vis-à-vis de sa mère, « regarder à travers la lucarne organique qu’est son propre regard pour enfin aller à sa rencontre » – et qui forment autant de fragments de tendresse à l’égard de celle qui n’existe que par, et pour les autres. Moussa l’ingénieur syrien, Alvirah la vieille Algérienne perdue au supermarché, Nicolas et Kareski les détenus récidivistes, Sarah la chauffeuse de poids-lourds et sa cohorte de camionneurs fêtards, Carmen la mythomane espagnole, un étrange marin russe ancien danseur du Bolchoï, Ruth l’Américaine, Brenda d’Ottawa, le jeune couple Sébastien et Romaric…

Je me voyage, Mémoires (Entretiens avec Samuel Dock), Julia Kristeva

Ecrit par Marjorie Rafécas-Poeydomenge , le Samedi, 04 Mars 2017. , dans Fayard, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres

Je me voyage, Mémoires (Entretiens avec Samuel Dock), octobre 2016, 297 pages, 20 € . Ecrivain(s): Julia Kristeva Edition: Fayard

 

S’entretenir avec une femme aussi érudite, brillante et authentique que Julia Kristeva exige un interlocuteur de qualité, ce que réussit avec brio Samuel Dock, psychologue clinicien face à la psychanalyste de renom pour laquelle aucun détail ne lui échappe. Comme Nietzsche, Julia Kristeva est « nuance » et ne supporte pas les auteurs « qui jouissent de trancher dans le vif de tout ce qui les excite », ce « marketing déprimé ». Elle préfère tout disséquer, puiser dans sa mémoire insatiable, ce qui ne l’empêche pas de s’être forgé des convictions solides au fil de son « voyage » de réflexions. Comme celle sur les femmes : « Je n’ai jamais compris comment les femmes pouvaient se vivre comme le “deuxième sexe”. Pour moi la féminité exprime l’indéniable, l’irréfragable de la vie ».

Julia Kristeva est résolument une femme libre. Déracinée mais libre. En effet, ce sentiment de déracinement (par ses origines bulgares) est très prégnant dans ce livre. Elle a toujours ressenti un sentiment de solitude malgré sa bonne intégration dans la société française. Elle s’est toujours sentie faite pour la solitude et se récitait Nietzsche : « Souffrir de la solitude, mauvais signe : je n’ai souffert que dans la multitude ».

La mosaïque de l’islam. Entretien sur le Coran et le djihadisme avec Perry Anderson, Suleiman Mourad

Ecrit par Zoe Tisset , le Lundi, 03 Octobre 2016. , dans Fayard, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres

La mosaïque de l’islam Entretien sur le Coran et le djihadisme avec Perry Anderson, août 2016, trad. anglais Matthieu Forlodou, 179 pages, 18 € . Ecrivain(s): Suleiman Mourad Edition: Fayard

 

Ce livre qui se présente sous forme de dialogue entre Suleiman Mourad, professeur de religions, et Perry Anderson, professeur d’histoire et de sociologie, est une mine pour mieux comprendre l’islam et tous les événements autour des musulmans. Comme le présente la préface « Ici, en effet – et cela est exceptionnel – la séparation entre des formes diverses (historique et actuelle, philologique et sociale) d’intelligence de l’islam du proche orient et de l’Afrique du Nord, entre des travaux traitant du passé et du présent s’efface en un seul ensemble cohérent de réflexions ». Suleiman Mourad commence par étudier la composition du Coran et ses liens avec les formes juive et chrétienne du monothéisme, ainsi remarque-t-il : « Sous cet angle, le Coran s’aligne sur la pensée chrétienne qui soutient que les juifs ont désobéi à Dieu tellement de fois que Dieu décida à la fin d’ouvrir l’Alliance à tous : le Coran rejoint là la théologie paulinienne ».

Paris par cœur, Ludovic Janvier

Ecrit par Philippe Leuckx , le Samedi, 10 Septembre 2016. , dans Fayard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits

Paris par cœur, mars 2016, 352 pages, 19 € . Ecrivain(s): Ludovic Janvier Edition: Fayard

 

Dix-neuf livres publiés de 1964 à 2016 : le parcours du romancier, essayiste et poète Ludovic Janvier l’aura conduit à écrire sur Beckett (deux essais), à nourrir nombre de poèmes pour des livres parus chez Seghers, Gallimard, à évoquer aussi son amour d’autres auteurs comme il le fit pour présenter Pavese et son Bel été (comment oublier ses phrases en 4e de couverture du volume de la collection L’Imaginaire : « L’art de Pavese est de travailler une matière tout en éclats, les éclats douloureux de l’unité mythique à jamais perdue » ?).

Son ultime livre est un hommage à Paris, tout en éclats aussi. Oui, dernier livre de son auteur, puisqu’il nous a quittés, en ce 18 janvier 2016. Paris par cœur ou 273 manières de l’aborder, selon l’abécédaire classique. Mais rien de moins classique, ici, dans les évocations, ni dans les quelques enluminures qui s’insèrent dans la trame de l’ouvrage : citations de poèmes et/ou de chansons chéris par l’auteur (Piaf, Souchon, Fargue, Apollinaire, Carco etc.)

Voulez-vous partager ma maison ?, Janine Boissard

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Mercredi, 08 Juin 2016. , dans Fayard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Voulez-vous partager ma maison ?, mars 2016, 304 pages, 20 € . Ecrivain(s): Janine Boissard Edition: Fayard

 

Vous entrez doucement dans ce livre comme dans un jardin, en trois parties, ce livre est un jardin. L’auteur s’adresse à vous « directement » et la narratrice, Line, vous invite chez elle. Une voix off et la voix d’une femme entrée en cinquantaine. L’atmosphère est agréable, a priori, l’émotion est tangible. Oui c’est un peu ça, un livre confortable qui vous prend par la main et vous dit : regarde.

La narratrice enfant et son père, et son père au-dessus d’elle, son père lui tenant un doigt de la main, son père derrière elle quand il faudra ôter les roulettes du vélo, ce père militaire qui lui intimera « envole-toi ». Ensuite, le mari militaire. Augustin. Le transfert est établi, le cliché est facile. Qu’importe. Vous êtes à Angers, enfin tout près, Line se tient maintenant sur le seuil de sa maison, elle est veuve.

Ses renoncements. Les parenthèses nombreuses où elle entrepose pêle-mêle ses considérations et ses tiraillements. Raconter ce que son mari était, tout ce qu’il n’était pas. Son propos, vous le jugez amusant parfois, enjoué toujours : un ton bienveillant malgré les remontées qui se veulent acides.

Une rivière, un jardin, une maison.