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Tinbad

 

Les éditions Tinbad, dirigées par Christelle Mercier, éclairent les lignes de leur voie de navigation sur la page d’accueil de leur site : http://www.editionstinbad.com/

« Pourquoi les éditions Tinbad ?

– On trouve cette assonance de Sinbad (le Marin) dans une suite de jeux de mots dans Ulysse de James Joyce, livre exemplaire de l’écrivain qui a poussé le plus loin les recherches en modernité formelle dans la Littérature. Oui, les avant-gardes sont défaites et défuntes, tout le monde a abandonné ce combat-là ; mais on peut encore en raconter l’histoire, sans se contenter pour autant de « mâcher les reliques du savoir » comme disait Laurence Sterne dans son Tristram Shandy. Nous nous sentons une cause commune avec les premiers Cahiers de l’Herne : la remise au goût du jour de la création littéraire la plus contemporaine ; aussi lancerons-nous une revue, irrégulière, qui sera un atelier pour les futures publications : les Cahiers de Tinbad. Nous publierons aussi des essais très littéraires et personnels sur les ultimes œuvres s’inspirant de la dernière avant-garde littéraire, Tel Quel. Comme nous estimons que les deux décennies s’étalant entre 1910 et 1930 (Futurisme, Dadaïsme, Surréalisme, Proust, Joyce) constituent la période la plus féconde en modernismes de notre Histoire – et que c’est donc de là qu’il faut repartir –, nous ne nous interdirons pas de publier des œuvres inclassables qui seraient au croisement de la poésie et du roman moderne : un violent « je » autobiographique sera recommandé et même conseillé. Notre cap : la littérature contrainte et le « Carré noir » en Littérature. Une seule certitude : pas de romans-« chromos » ! Vieilles anecdotes…

Que Tinbad fût tailleur ne nous déplaît pas, car nous voyons, après Proust et Jean-Jacques Schuhl, « la couture comme métaphore du travail textuel : patrons, ciseaux, colle, machine à coudre ».

Le banquet de plafond, Jules Vipaldo

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Vendredi, 02 Février 2018. , dans Tinbad, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

Le banquet de plafond, février 2018, 140 pages, 18 € . Ecrivain(s): Jules Vipaldo Edition: Tinbad

 

Quand les rats d’eau médusent

Il existe une araignée sur le plafond d’un tel livre. Mais pas seulement. Les rats rationnels y sourient et les souris dansent. Rats de villes comme ceux des champs de patates. Souris excitantes et excitées ne battent pas seulement la campagne. Ce sont parfois des belles de cas d’X si bien que les éléments factuels du réel sont exfoliés par un poète fort comme une armoire à glace et qui n’hésite pas à se mirer dedans.

Ayant beaucoup lu jusqu’à en devenir liseron, il crée son auto-épopée dégingandée jouant les forts en gueule pour épater des poupées. Et qu’importe si parfois elles sont empâtées. Avec de bonnes miches il y aura toujours du grain à moudre pour drôle de Jules qui ose tout mais auquel le Gaston Gallimard n’aurait sans doute pas offert de contrat de « marrage ».

Secret, le silence, Cyril Huot

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 08 Décembre 2017. , dans Tinbad, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Secret, le silence, novembre 2017, 154 pages, 18 € . Ecrivain(s): Cyril Huot Edition: Tinbad

 

« La même voix intérieure qui roulait en lui devait rouler en elle pour y charrier les mêmes mots. Il aurait suffi de lui redire les mots de sa voix intérieure et aussitôt elle les aurait reconnus, ces mots, aussitôt elle aurait su que la même voix parlait en lui comme en elle, qu’elle leur parlait à tous deux d’une même voix ».

Secret, le silence est le roman d’une voix, d’un corps et d’une voix, le roman du silence glacial, prélude de l’Enfer dans lequel semble s’enfermer l’inconnue, roman de « l’intelligence d’amour », cette intensité circulaire mise en lumière par Jacqueline Risset (1). Secret, le silence est le roman d’une passion, où le silence est une parole tue, parole de cette jeune femme tombée dans le mutisme, dans l’anorexie, dans le retrait absolu du monde, telle une sainte, que plus rien ne touche, ni n’atteint, comme plongée dans le renoncement aux éclats et aux embellies du monde. L’homme qui l’accompagne la découvre dans tous les sens du mot, décide de la libérer des griffes de la clinique où elle s’enfonce, la sauve de l’Enfer du silence, et ainsi se sauve.

Ruines, Perrine Le Querrec

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Vendredi, 17 Novembre 2017. , dans Tinbad, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

Ruines, 2017, 64 pages, 12 € . Ecrivain(s): Perrine Le Querrec Edition: Tinbad

 

Blaise Cendrars affirmait dans Bourlinguer, en 1948 : « on ne dira jamais assez la part du féminin dans l’écriture ». Des femmes, à la fois écrivains et artistes, marquèrent en effet d’une présence et d’une encre indélébile l’histoire de la littérature et des arts – Joyce Mansour, Nelly Kaplan, Frida Kahlo, etc, Unica Zürn :

 

« Nora Berta Unika Ruth

Devenue Unica l’Unique

La secrète et la discrète

Devenue Unica l’Unique

La ficelée et l’échevelée

Jamais, Véronique Bergen

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Mercredi, 15 Novembre 2017. , dans Tinbad, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Jamais, novembre 2017, 126 pages, 16 € . Ecrivain(s): Véronique Bergen Edition: Tinbad

 

Paradoxalement là où la voix se ferme et s’éteint, Véronique Bergen ouvre des possibles. Ecrivant ce récit, l’auteur est pris par quelque chose qui vient du plus profond, du plus fort, et qui ramène à la sidération, de déprise et en reprise, dans le mouvement de l’écriture. Ici la voix de la mère juive exilée et débordée par les remugles de l’Histoire s’excède dans un mouvement autant jouissif que colérique. Bref la figure maternelle se débonde sans que pour autant le récit ne capote dans l’autofiction.

Le roman parcourt une seule heure de la vie d’une femme : le temps que la mère puisse énoncer ce qu’elle ne peut pas dire, sinon par les mots de l’autre : sa fille qui en filigrane lui impose la rectitude de sa texture lexicale. Mais s’opère une sorte de renversement entre les mots de la mère et le contrôle qu’exerce l’écrivaine sur eux.

Deux, Philippe Jaffeux (2ème critique)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 10 Juillet 2017. , dans Tinbad, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Théâtre

Deux, juin 2017, 236 pages, 21 € . Ecrivain(s): Philippe Jaffeux Edition: Tinbad

 

 

Théâtre abstrait


Deux est un livre complexe à plusieurs égards. Tout d’abord parce que c’est un livre de théâtre – une sorte de pièce de chambre. Et puis, parce que cette pièce se présente sous forme expérimentale. Deux est constitué d’un dialogue entre N°1 et N°2, écrit sous forme de paragraphes à peu près égaux, mais qui ne se répondent pas. L’auteur explique qu’il est possible de faire jouer 1 et 2 chacun par treize acteurs, et cela dans le désordre, sans souci de répliques ni de continuité dramaturgique (ou plutôt, continuité à concevoir dans l’espace même de la scène).