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Christian Bourgois

Christian Bourgois éditeur est une maison d’édition française, fondée en 1966 par Christian Bourgois, sous l’égide des Presses de la Cité et qui obtient son indépendance en 1992.

Elle compte 760 titres à son catalogue et 50 titres sortent en moyenne chaque année. Leur distribution en est assurée par Volumen. Son chiffre d’affaires en 2009 est de 1 976 000 €, ce qui la classe au cent seizième rang du classement des deux cent éditeurs français.

 


L’abécédaire d’un pianiste, Un livre pour les amoureux du piano, Alfred Brendel

Ecrit par Philippe Chauché , le Lundi, 03 Novembre 2014. , dans Christian Bourgois, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres

L’abécédaire d’un pianiste, Un livre pour les amoureux du piano, dessins de Gottfried Wiegand, octobre 2014, traduit de l’allemand par Olivier Mannoni avec la collaboration de Chara Iacovidou, 160 p. 15 € . Ecrivain(s): Alfred Brendel Edition: Christian Bourgois

 

« Attaque : Il existe peut-être des interprètes qui préparent une attaque, une attaque contre le public. Le son du piano leur rendra la monnaie de leur pièce.

Tenons-nous-en à des mots plus aimables, comme touch et toucher.

Que l’on me comprenne bien : on peut avoir un grand jeu, et même un jeu immense, sans enfoncer le son à travers les touches comme avec un couteau ».

D’Accents à Zarzuela pour piano seul, en passant par Danse, Fantaisie et Scarlatti, Alfred Brendel livre ici son petit abécédaire d’un pianiste, un pianiste qui n’a cessé et ne cesse d’être au cœur même de la musique, que ça soit avec Mozart, Haydn, Schubert, Liszt, ou Beethoven. Il faut le voir jouer la fantaisie après une lecture de Dante de Liszt, ce précurseur radical de la modernité, le voir danser devant une partition de Bach face à son élève le jeune Kit Armstrong dans le film de Mark Kidel, et le lire.

Toute la Terre qui nous possède, Rick Bass

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 18 Septembre 2014. , dans Christian Bourgois, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman, La rentrée littéraire

Toute la Terre qui nous possède (All the Land to hold us). Traduction de l’américain Aurélie Tronchet. août 2014, 441 p. 22 € . Ecrivain(s): Rick Bass Edition: Christian Bourgois


Toute la puissance de Rick Bass est concentrée en cette grande œuvre. Et il ne s’agit pas seulement de style – ou de l’écriture particulière du grand Rick. Il s’agit de la puissance qui coule au long des pages de ce roman et dont la source est la littérature américaine même, à laquelle Rick Bass se nourrit, se baigne, s’immerge tout entier. Des premiers écrits, ceux de la littérature coloniale du XVIIIème siècle déjà, les américains sont happés par l’espace, les espaces, ceux de la conquête jamais achevée, ceux des premiers colons, ceux des grandes plaines, des chaînes montagneuses, des fleuves immenses, des gorges vertigineuses. Happés par la Terre qui sera le ferment premier d’une littérature prodigieuse de force, de poésie, d’aventures.

Happés par la Terre renvoie au titre de ce roman, dont la version originale est « All the Land to hold us ». Aurélie Tronchet – l’excellente traductrice de ce livre – et probablement l’éditeur, ont choisi la traduction qui dit cela clairement : Toute la terre qui nous possède (nous tient, nous happe, nous capte). Une autre piste était possible et la lecture du roman la rend aussi séduisante : Toute la terre qui nous tient debout (droit, sur nos jambes).

Quels sont ces chevaux qui jettent leur ombre sur la mer ?, António Lobo Antunes

Ecrit par Frédéric Aribit , le Samedi, 06 Septembre 2014. , dans Christian Bourgois, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Langue portugaise, Roman

Quels sont ces chevaux qui jettent leur ombre sur la mer ?, traduit du portugais par Dominique Nédellec, avril 2014, 428 p. 23 € . Ecrivain(s): Antonio Lobo Antunes Edition: Christian Bourgois

Descendons dans la rue. Marchons sur Stockholm. Munissons-nous d’œufs, de tomates, de tous les projectiles qu’on voudra. Faisons signer des pétitions. Organisons des sit-in en scandant son nom. Bloquons la circulation pour lire d’une traite ses œuvres complètes à voix haute. Montrons nos seins devant l’ambassade de Suède. António Lobo Antunes mérite au moins le Nobel.

On a connu des manifs pour moins que ça. Le Ricard à 2 euros, la prolongation de la période de pêche du brochet maillé, la confrérie du Malabar fermier aux bons colorants d’autrefois, les fêtes d’Uhart-Cize en rouge et blanc… António Lobo Antunes mérite au moins le Nobel.

Il en fera ce qu’il voudra. Distribuera l’argent à ses anciens patients au service psychiatrique de l’hôpital Miguel Bombarda de Lisbonne, aux traumatisés de la guerre d’Angola où il a servi en tant que médecin. Le refusera au besoin, comme Pasternak qui craignait en 1958 les foudres des autorités soviétiques, comme Sartre en 1964, qui le trouvait trop bourgeois, trop occidental, trop institutionnel, avant d’en réclamer dit-on le montant onze ans plus tard.

La vie amoureuse de Nathaniel p., Adelle Waldman

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 04 Septembre 2014. , dans Christian Bourgois, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman, La rentrée littéraire

La vie amoureuse de Nathaniel p. (The love affairs of Nathaniel p.) août 2014. Traduction Anne Rabinovitch. 331 p. 19 € . Ecrivain(s): Adelle Waldman Edition: Christian Bourgois

 

Si on vous dit que ce roman a pour héros un intello-Bobo new yorkais, écrivain journaliste de son état, ne fréquentant que des gens de préférence beaux, jeunes, riches et intelligents, et qu’il raconte ses aventures amoureuses compliquées entre Elisa, Hannah, Greer et quelques autres, vous avez de quoi vous inquiéter sur l’intérêt du roman. Et pourtant, ce voyage de quelques mois sur les sentes affectives de Nathaniel p. est passionnant ! On ne s’en rend pas forcément compte tout de suite mais après quelques dizaines de pages on tombe sous l’influence addictive de l’art narratif d’Adelle Waldman.

Qu’elles soient affectives ou sexuelles n’y fait rien : les vents et marées de l’aventure amoureuse restent des vents et marées, avec ce que ça implique de dangers, d’accalmies, de tempêtes, de risques de noyade. Et Nate (c’est son petit nom) affronte ces déferlements avec ce qu’il faut de cynisme et d’engagement, de distance et de fragilité, selon les jours, les femmes, les humeurs. Souvent avec mépris aussi.

Par ailleurs (exils), Linda Lê

Ecrit par Stéphane Bret , le Mercredi, 03 Septembre 2014. , dans Christian Bourgois, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, La rentrée littéraire

Par ailleurs (exils), août 2014, 168 p. 13 € . Ecrivain(s): Linda Lê Edition: Christian Bourgois

 

Quel peut être le rôle de l’exil, du déracinement dans la vision du monde d’un écrivain ? Frein, déclin ou ressourcement ?

Dans un essai intitulé Par ailleurs (Exils), Linda Lê aborde cette question en évoquant tour à tour le sort d’écrivains en dissidence, exilés de l’intérieur ou contraints au départ physique. Elle y évoque également le cas de ceux qui ont changé de langue pour écrire et s’approprier ainsi un nouvel univers intellectuel autant que linguistique. La conduite d’un exilé, apprend-on, doit éviter de nombreux écueils : Edward Saïd met en garde de tomber dans « le narcissisme masochiste » et de ne pas faire de l’exil un « fétiche, une pratique qui l’éloigne de tout rapprochement ou engagement ».

Sur ce qui déclenche l’exil, comme sentiment intérieur, Linda Lê cite avec grande pertinence André Gide qui avait en son temps mené bataille contre les liaisons dangereuses entre nationalisme et littérature. Il répondit que la France devait beaucoup « à un confluent de races » et que les grands artistes étaient « les produits d’hybridations et le résultat de déracinements, de transplantations ». Un autre exilé des lettres, Klaus Mann, vit dans l’exil un aiguillon, il se définissait comme « un cosmopolite d’instinct », « toujours inquiet, toujours en quête ».