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Belfond

La maison Belfond fut créée en 1963 par Pierre Belfond et Franca Belfond. Assez vite, en 1989, Pierre Belfond cèdera 53,4 % du capital de sa maison au groupe Masson, éditeur scolaire et scientifique. Le couple quittera la maison en 1991.

En 1993, Belfond fusionne avec les Presses de la Renaissance, à laquelle viendront s'ajouter différentes filiales comme Acropole en 1981, Le Pré aux clercs en 1983, les Éditions 1900 en 1987 et l'Age du Verseau en 1988 qui seront ensuite toutes regroupées sous le nom des éditions Belfond. Aujourd'hui, Belfond fait partie du département Place des éditeurs, filiale d'Editis, deuxième plus grand éditeur français après Hachette de, au chiffre d'affaires de 751 100 euros en 2009. C'est grâce aux nombreux coups commerciaux de Pierre Belfond que la maison occupe désormais une place de choix dans l'édition française et possède un catalogue d'environ 400 titres, à raison d'une centaine de publications par an.


Après minuit, Irmgard Keun

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Mardi, 20 Mai 2014. , dans Belfond, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Langue allemande, Roman

Après minuit, traduit de l’allemand par Georges Berthier, préfacé par Éric-Emmanuel Schmitt, mai 2014, 216 pages, 17 € . Ecrivain(s): Irmgard Keun Edition: Belfond

 

De la table voisine, quelques S.S. regardent de notre côté et disent « Prosit ». Je ne sais pas bien si leur Prosit s’adresse à Gerti ou au Führer. Peut-être qu’ils ont trop bu et que leur Prosit s’adresse au monde entier – moins les Juifs, les Russes, les communistes, les Français et autres gens de même sorte (p.29).

Suzon a dix-neuf ans et vit à Francfort depuis un an, entourée d’amis de son âge avec lesquels elle partage des moments d’insouciance. La ville est en ébullition pour accueillir Hitler. Suzon raconte… Après minuit prend les accents d’un journal intime pour décrire, au fil de scénettes piochées dans le quotidien de cette jeune fille ainsi que dans ses souvenirs, l’Allemagne après la prise du pouvoir par Hitler. L’odieuse mécanique qui va broyer plus de 60 millions de personnes, est scrutée de l’intérieur sous le regard parfois naïf, souvent ironique et finalement terriblement anxieux de Suzon.

Le lys de Brooklyn, Betty Smith

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 27 Mars 2014. , dans Belfond, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman

Le Lys de Brooklyn (A tree grows in Brooklyn) Traduction (USA) Maurice Beerbrock 1946. mars 2014. 709 p. 19 € . Ecrivain(s): Betty Smith Edition: Belfond

Les éditions Belfond continuent avec leur collection Vintage à nous dénicher des bijoux qui ont eu leur heure de gloire et – on ne sait pour quelle étrange raison – ont un peu disparu des mémoires de lecteurs. Ce fut il y a peu le superbe « Edisto » de Padgett Powell (lien). Voici « le lys de Brooklyn » de Betty Smith, non moins superbe !

Ce livre a vraiment connu son heure de gloire. Jugez-en. Publié en 1943,  il connut un succès immédiat et phénoménal, plus d’un million d’exemplaires vendus la première année. Mieux encore, Elia Kazan s’en saisit aussitôt pour réaliser le film éponyme de 1945 qui fut également un grand succès populaire. Traduit en français en 1946 par Maurice Beerblock et depuis, plus d’édition ! Voici donc un beau présent dans nos mains !

Elle s’appelle Francie. C’est la petite héroïne du roman. Francie, presque Frankie ; Il est impossible de ne pas penser à la « Frankie Addams » de la grande Carson McCullers tant ces deux très jeunes filles ont de traits communs : La vivacité, l’intelligence immédiate des situations et des personnes, la drôlerie, la droiture morale, la bonté. Les deux livres sont parfaitement contemporains, ce qui ajoute à la nécessité du rapprochement. Mais avec Betty Smith, la période de la narration est plus étendue, quelques années et la démarche initiatique plus évidente.

Derrière la colline, Xavier Hanotte

Ecrit par Stéphane Bret , le Mercredi, 19 Février 2014. , dans Belfond, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Derrière la colline, janvier 2014, 430 pages, 20 € . Ecrivain(s): Xavier Hanotte Edition: Belfond

 

Derrière la colline est un roman de Xavier Hanotte, écrit en 2000, et réédité fort à propos par les éditions Belfond. Cette réédition s’inscrit dans l’ensemble des commémorations du centenaire de la première guerre mondiale.

Nigel Parsons et William Salter, les deux principaux personnages de ce roman, vont être engagés en cette année 1916 dans les opérations de la bataille de la Somme, événements des plus meurtriers de cette guerre. Pour Nigel Parsons, le rapport au père, et plus exactement le besoin de voir l’estime de ce dernier confirmée, le conduit à s’engager, tout autant que l’échec de sa relation avec Béatrice, femme à l’égard de laquelle ses sentiments se sont taris. Au cours de sa phase de préparation, pendant laquelle il rencontre William Salter, jardinier de son état, Nigel Parsons éprouve le besoin de lire les vers d’un poète Nicholas Parry, pour se délecter des descriptions de la nature contenues dans les vers de ce poète. Pourtant, c’est sur la nature des sentiments de ses frères d’armes que s’interroge Nigel Parsons : « Ils ont signé, ils ont choisi. Mais en fin de compte, le but leur importe peu. Même allongée d’alcool, ils ont la foi. Et surtout l’élan. Cela seul compte ».

Caravansérail, Francis Picabia

Ecrit par Frédéric Aribit , le Jeudi, 16 Janvier 2014. , dans Belfond, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, Récits

Caravansérail, Edition établie par Luc-Henri Mercier, octobre 2013, 200 pages, 18 € . Ecrivain(s): Francis Picabia Edition: Belfond

Dada se fait dans la bouche. On imagine sans doute mal aujourd’hui ce que pouvaient être ces soirées joyeusement foutraques, véritables happenings avant l’heure, où l’on frappait à tue-tête sur des caisses jusqu’à ce que le public proteste, où Tristan Tzara hurlait son poème orgasmique Vaseline symphonique en imitant les ours, où Louis Aragon miaulait à quatre pattes pendant qu’André Breton croquait des allumettes. Dans ce gang du suprême décervelage façon Jarry, Francis Picabia n’est pas en reste. Avec les confortables revenus que lui a laissés son héritage maternel, Picabia s’est tôt fait un nom dans la peinture, sous l’influence première des maîtres de l’impressionnisme. Mais alerté par Marcel Duchamp, il devient l’un des électrons les plus actifs de l’avant-garde picturale, l’un des plus libres aussi, et c’est naturellement chez lui que s’installe Tzara lorsqu’il débarque à Paris en 1920, sa grenade Dada dégoupillée dans la main. Picabia jongle alors entre une femme, plusieurs maîtresses, une poignée d’enfants, et cent vingt-sept voitures qu’il collectionne comme les conquêtes, et qui le lancent dans cette trépidante vie mondaine où il côtoie le Tout-Paris, Cocteau y compris – c’est dire. Il y a là bien assez pour que son anticonformisme n’achoppe forcément avec ce que Tzara a en tête sous le nom de Dada, ou ce que Breton fomente déjà de son côté. De sorte que lorsque paraît en 1924 le Manifeste du surréalisme, Picabia a pris le large, ce dont témoigne Caravansérail, le roman à clefs qu’il écrit la même année (il ne sera publié qu’à titre posthume, en 1974).

Edisto, Padgett Powell

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mercredi, 15 Janvier 2014. , dans Belfond, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman

Edisto, Belfond/Vintage novembre 2013. 247 p. 17 € . Ecrivain(s): Padgett Powell Edition: Belfond

 

Incipit : « Je suis en goguette à Bluffton. Je me suis tiré de l’école – on appelle ça faire le mur, mais il y a pas de mur, il suffit de sortir de la cour à la récré, quand les trois cents gamins sont là pliés en deux en train de lancer leurs billes. Moi, je suis pas capable d’en lancer une au lance-pierre, alors je me casse et je vais au Rexall prendre un verre – un coca, ou un de ces trucs que Madame le Docteur m’interdit formellement, sous prétexte que ça m’excite. Je vais pourtant pas boire du lait toute ma vie, ou me mettre au bourbon à mon âge. Mais c’est pas le problème. »

Entrée inhabituelle pour une critique de livre, mais dans le cas d’ « Edisto », elle s’impose presque, elle va de soi tant cet incipit évoque un livre culte des années soixante.  Vous avez deviné ?

Simon Everson Manigault est le petit-fils sûrement de Holden Caulfield, le jeune héros de « The catcher in the rye » (L’attrape-cœurs) de Salinger. Il lui ressemble comme deux gouttes d’eau, déborde comme lui d’énergie et d’insolence, parle comme lui. Ici aussi, nous avons un narrateur à la première personne du singulier, dont nous suivons les traces pendant quelque temps avec plaisir, jubilation. Car ce roman n’est pas triste, c’est le moins ! On sourit, on rit, de bout en bout, dans le langage vert et les frasques de Simon.