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Albin Michel

Les éditions Albin Michel sont une maison d'édition française indépendante, fondée en 1900 par Albin Michel et dirigée par Francis Esménard.

Abondamment présentes à chaque rentrée littéraire, les éditions Albin Michel font confiance aussi bien à des auteurs débutants que confirmés. Depuis 1992, Albin Michel publie environ 450 nouveautés par an (pour 100 en 1967). Pas une année ne s'est écoulée sans qu'un auteur figure parmi les meilleures ventes annuelles de l'édition française.

 


Le Train des enfants, Viola Ardone (par Sandrine Ferron-Veillard)

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Jeudi, 08 Avril 2021. , dans Albin Michel, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Italie

Le Train des enfants (Il Treno dei bambini, 2019), Viola Ardone, janvier 2021, trad. italien, Laura Brignon, 292 pages, 19,90 € Edition: Albin Michel

 

Les pieds dans des chaussures. L’odeur et la forme. L’empreinte. À hauteur d’enfant. Parce que les enfants voient d’abord les pieds des adultes. Amerigo Speranza a sept, presque huit ans. Une vie en cinquante-trois chapitres. Du Sud au Nord de l’Italie. Père inconnu. La mère, Antonietta, elle est belle. Une voix de contrebasse. Belle parce que les enfants entendent ce que disent les hommes d’elle. Et le père est parti, ou reparti en Amérique, une fois la seconde guerre mondiale terminée. Terminée. Ça, c’est l’histoire qu’elle raconte à Amerigo.

« Les femmes, elles, marchent sans honte et traînent deux, trois, quatre enfants par la main. Moi je suis fils unique, vu qu’avec mon frère Luigi on n’a pas eu le temps de se connaître. On n’a pas eu le temps avec mon père non plus, je suis né en retard sur tout le monde ».

Brèves de solitude, Sylvie Germain (par Charles Duttine)

Ecrit par Charles Duttine , le Lundi, 22 Mars 2021. , dans Albin Michel, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Brèves de solitude, janvier 2021, 210 pages, 18,90 € . Ecrivain(s): Sylvie Germain Edition: Albin Michel

 

Destins croisés au temps de la Covid 19

Que l’épidémie de la Covid 19 puisse donner lieu à une contagion de récits romanesques, cela est certain. On peut s’attendre à être submergé par des fictions qui vont s’emparer de cette pandémie. Qu’on soit écrivain ou pas, d’ailleurs, on n’échappe pas à son époque. L’épisode que nous vivons avec ses conséquences, confinement, couvre-feu, gestes-barrières et relations aux autres à reconsidérer, tout cela nous tracasse, nous agace, voire nous obsède, on ne peut le nier. L’idiosyncrasie de l’écrivain avec sa porosité à tout ce qui est humain le prédestine à cette source d’inspiration pour le pire, et on l’espère, pour le meilleur.

Le dernier ouvrage de Sylvie Germain s’installe d’emblée dans cette époque chaotique que nous vivons. La romancière évoque plusieurs dizaines de personnages, tous différents dans leurs singularités, des « caractères » ou des types humains et que l’auteure nomme par leurs seuls prénoms. Une sorte de comédie humaine où l’on découvre Joséphine, Guillaume, Magali, Anaïs, Xavier… Des personnages de tous âges et de toutes conditions.

Terra Incognita, Une histoire de l’ignorance, Alain Corbin (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mercredi, 11 Novembre 2020. , dans Albin Michel, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres

Terra Incognita, Une histoire de l’ignorance, février 2020, 282 pages, 21,90 € . Ecrivain(s): Alain Corbin Edition: Albin Michel

 

Au VIIe livre de son Histoire naturelle, Pline l’Ancien a formulé le problème en des termes définitifs et qui traverseront les siècles : l’être humain est dépourvu de tous les moyens d’attaque et de défense dont disposent les autres animaux. Il n’a ni griffes, ni rostre, ni carapace, ni même les tentacules urticants de la plus modeste des méduses (qui n’ont pourtant ni cerveau, ni cœur). Il ne possède pas non plus de véritable instinct, de sorte que chaque génération doit laborieusement tout réapprendre. De là le langage, d’abord oral, ensuite écrit, seul moyen de transmettre l’expérience de nos prédécesseurs. Et ce qui vaut pour l’individu vaut pour le genre humain en entier. Au début étaient l’ignorance et donc la peur, semblables à un océan qui recouvrait tout. Puis, petit à petit, des îlots émergèrent, qui devinrent des îles, parfois reliées entre elles par des isthmes. L’espèce humaine avait appris et elle se souvenait. Elle ne sait pas encore tout (serait-ce seulement possible ?), mais – à condition qu’elle ait la sagesse de les conserver – elle dispose des trésors de savoir accumulés au long des siècles dans les bibliothèques.

Pas de défaite pour l’esprit libre, Écrits politiques Inédits (1911-1942), Stefan Zweig (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Lundi, 02 Novembre 2020. , dans Albin Michel, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres

Pas de défaite pour l’esprit libre, Écrits politiques Inédits (1911-1942), janvier 2020, trad. allemand Brigitte Cain-Hérudent, 352 pages, 22,90 € . Ecrivain(s): Stefan Zweig Edition: Albin Michel

 

Il peut paraître surprenant que, près de quatre-vingts ans après sa mort (1942), il demeure encore des textes inédits de Stefan Zweig. Car ce dernier n’eut rien d’un auteur confidentiel, écrivant dans l’indifférence (comme, de nos jours, les auteurs de blogs que personne ne visite), pour les seuls membres de sa famille, ou comme ces personnages inondant les journaux de lettres qui ne seront jamais publiées. Il fut un écrivain connu et reconnu dans le monde entier, fut-ce « le monde d’hier ». Mais, contrepartie ou non de cette renommée mondiale, Zweig publia beaucoup, dans les journaux les plus divers, et il ne signait pas toujours ses articles. Il reste donc possible de faire des trouvailles, comme celles rassemblées dans deux volumes publiés en Autriche (2016) et traduits en français. Ce livre n’ajoute ni ne retranche rien à la gloire posthume de Zweig et tout n’y est pas du premier ordre. Le sous-titre « Écrits politiques » ne rend qu’imparfaitement compte du contenu composite de l’ouvrage.

Ohio, Stephen Markley (par Sandrine Ferron-Veillard)

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Vendredi, 16 Octobre 2020. , dans Albin Michel, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman

Ohio, Stephen Markley, août 2020, trad. anglais (USA) Charles Recoursé, 540 pages, 22,90 € Edition: Albin Michel

 

Un soir. Six chapitres. Six amis d’enfance ou d’anciens camarades de lycée, or l’étaient-ils vraiment. Six chapitres bâtis comme des nouvelles. Dans l’état de l’Ohio, aux États-Unis.

Un soir, à New Canaan. Pour Internet, New Canaan est, entre autres, une suite de chiffres, 41°8’48.347’’N73°29’41.44’’W, une altitude de 105 mètres, une densité de 339 habitants/km2, 5280 familles dont 41,7% des enfants ont moins de 18 ans, 6822 ménages, 19395 habitants en 2000. Un an avant le 11 septembre 2001.

Assurément un rythme. La formation immédiate des images. Et la voix-off/la voix-on, qui d’emblée séduit. Le ton donc. Chaque détail est exprimé, détouré, débarrassé de son fondement spatio-temporel. Son revers. Et des descriptions à relire deux fois pour le plaisir du son. La fabrique d’une histoire qui fige, qui glace, qui foudroie. Lorsque la littérature perce l’envers des choses. Des êtres. Leur épaisseur. La fumée comme cadre, omniprésente tout au long du livre. Les vapeurs, le brouillard. Les vapeurs d’alcool. L’obscurité comme fond. La vie des êtres sans fonds.