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Espaces 34

 

Les Éditions Espaces 34 : théâtre contemporain, théâtre du XVIIIe, traductions et théâtre jeunesse.

 

Neverland, David Léon

Ecrit par Marie du Crest , le Samedi, 06 Mai 2017. , dans Espaces 34, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Théâtre

Neverland, 2017, 55 pages, 13 € . Ecrivain(s): David Léon Edition: Espaces 34

 

« Have you seen my childhood… »

Le personnage de la psychosociologue dans la dernière pièce de David Léon, Neverland, dit de Mikaël (avatar de Michael Jackson) qu’il est une « figure mythique absolument ». Celui qui fut appelé « The king of the pop » est sans conteste une figure de légende, une star de Walk Fame, un incroyable artiste interplanétaire, un homme-enfant, un fils maltraité, un noir devenu blanc, un homme mis en accusation pour pédophilie, un défunt par overdose médicamenteuse. Le maître du ranch de Neverland, royaume de l’éternelle enfance, celle des zoos et des parcs d’attraction, pays de Peter Pan.

Michael Jackson de porcelaine pour Jeff Koons ou être difforme entre le vert et le gris pour Paul McCarthy. David Léon lui, l’écrit, le fragmente, dans le souffle d’une langue presque continue, à travers les voix de ceux qui l’approchent mais ne parviennent jamais à le saisir tout entier : le père noir, Joshua ; ses divers sosies enfants et adultes ; Jimmy, ami ou amant, et celle qui prétend expliquer scientifiquement qui il est. Mikaël quant à lui prend la parole mais dans la douleur, sa douleur.

L’abeille, Hideki Noda

Ecrit par Marie du Crest , le Mercredi, 22 Mars 2017. , dans Espaces 34, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Théâtre, Japon

L’abeille, 2016, trad. japonais Corinne Atlan, 64 pages, 13 € . Ecrivain(s): Hideki Noda Edition: Espaces 34

 

La vengeance de monsieur Ido

En France, nous ignorons tout ou presque du théâtre japonais contemporain : nous en restons, par goût sans doute de l’exotisme, à l’héritage du Nô et du Kabuki alors même que nous nous passionnons pour les mangas ou le cinéma nippon actuels. Sans doute serait-il nécessaire de traduire à plus large échelle des pièces récentes que des compagnies monteraient pour qu’enfin le théâtre japonais contemporain rencontre un public nombreux. Hideki Noda est un des très rares auteurs à être présent sur nos plateaux mais encore de façon modeste au regard de la vingtaine de textes qu’il a écrits.

L’abeille est inspirée d’une nouvelle de Yasutaka Tsutsui, romancier de SF, acteur connu dans son pays. La pièce date de 2006 et a été traduite en 2013.

La bataille d’Eskandar, Samuel Gallet

Ecrit par Marie du Crest , le Lundi, 06 Mars 2017. , dans Espaces 34, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Théâtre

La bataille d’Eskandar, 2017, 64 pages, 13 € . Ecrivain(s): Samuel Gallet Edition: Espaces 34

 

Le rêve de Madame de Fombanel

Les villes nocturnes de Samuel Gallet sont insurrection, catastrophe, incendie, séisme. Eskandar au nom d’antique cité, ville de sang et de mirages.

Eskandar, quartier sud, le rêve d’une femme qu’un récitant nous présente dans le prologue : elle a des dettes, elle est menacée d’expulsion. Il faut que tout soit détruit pour espérer un recommencement. Il faut pénétrer dans le songe profond comme le théâtre et la musique nous font entrer dans l’obscurité de nos désirs

Et le rêve alors devient le réel

Et le rêve est le réel

Quelqu’un manque, Emmanuel Darley

Ecrit par Marie du Crest , le Jeudi, 24 Novembre 2016. , dans Espaces 34, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Théâtre

Quelqu’un manque, 45 pages, 9,5 € . Ecrivain(s): Emmanuel Darley Edition: Espaces 34

 

« La langue de l’intérieur »

Quelqu’un manque, écrit en 2002 dans le cadre de la Chartreuse d’Avignon, est une pièce courte, dont la brièveté même travaille le langage et le deuil comme autant de pertes, de lacunes, de répétitions impuissantes, de silences et de non-dits. Le manque de l’autre, du compagnon malade, agonisant et défunt dont nous suivons le calvaire physique. La choralité dans la distribution (les pleureuses, Elle, le soignant, l’ami) accomplit ce travail de la recherche de ce qui s’en va, de ce qui s’efface, de ce qui meurt mais aussi de ce qui reste. Nous ne savons pas si les paroles se souviennent, ressurgissent, semblables à la mémoire. Ainsi au début du texte, les pleureuses reprennent-elles à leur compte ce « qu’il disait » ou « ce qu’elle disait » jusqu’à creuser encore plus profondément dans l’intériorité (p.30-1) :

Qu’est-ce que ça serait toi, hein, ta dernière volonté ? disais-tu.

Peut-être, après tout pourquoi pas, un verre de lait, oui, de lait bien chaud, disais-tu.

Elles deux, Emmanuel Darley

Ecrit par Marie du Crest , le Lundi, 26 Septembre 2016. , dans Espaces 34, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Théâtre

Elles deux, 50 pages, 12,50 € . Ecrivain(s): Emmanuel Darley Edition: Espaces 34

 

« Deux vies »

La courte pièce d’Emmanuel Darley, Elles deux, est un triptyque du temps : le temps de l’avenir rêvé de l’adolescence d’abord, ensuite celui du passé qui sépare les êtres en chemin et enfin celui du temps de la mémoire qui s’efface. La vie de deux filles qui ne font qu’une (1), celle de Pouffe et de Glousse qui disparaît (2), et celle de « deux vieilles assises » en quête de leurs souvenirs (3).

Elles deux sont des copines, indissociables, comme des sœurs siamoises de la langue et de la grammaire et de la dramaturgie : Daley écrit pour la première réplique la didascalie ELLES pour désigner ces personnages, reprend souvent l’adverbe « ensemble » ou encore « l’une et l’autre » (p.12) ; leur donne la parole à travers le pronom « on ». Un metteur en scène pourrait très bien faire tout aussi bien dire le texte à une seule voix ou deux voix, qui prendraient en charge telle ou telle partie, de manière interchangeable. Emmanuel écrit deux fois la même page, au mot près. Gémellité des voix dramatiques (p.20.21.22). Les deux filles aiment paresser sous la couette, choisir leur tenue ensemble, se dire « tout pareil ensemble on fera » (p.11). Elles rêvent de travailler pour le cinéma, le théâtre, le monde du spectacle : devenir maquilleuse, costumière, chanteuse.