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L'Atelier Contemporain

De face, de profil, de dos, George Besson, Henri Matisse

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Lundi, 05 Mars 2018. , dans L'Atelier Contemporain, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Arts

De face, de profil, de dos, George Besson, Henri Matisse, février 2018, 296 pages, 25 € Edition: L'Atelier Contemporain

 

Matisse tel qu’en lui-même


Oublié aujourd’hui, George Besson (1882–1971) fut une éminence grise de l’art eu égard à sa position officielle à partir de 1947 aux Lettres Françaises où il tint la tribune artistique. Fidèle au réalisme socialiste et au PCF stalinien, il défendit un art qu’il connut autour de 25 ans au moment où il rencontre Signac, Marquet, Bonnard, Van Dongen, Marquet et Matisse. Avec Francis Jourdain, il fonde en 1912 Les Cahiers d’aujourd’hui. S’y retrouvent les signatures de Léon Werth, Octave Mirbeau, Elie Faure, Emile Verhaeren, Jules romain, Valéry Larbaud, Colette et des dessins de Bonnard, Vuillard, Albert André, Matisse, Marquet, Renoir, Rodin, Signac.

Le geste du regard, Renaud Ego

Ecrit par Didier Ayres , le Jeudi, 20 Avril 2017. , dans L'Atelier Contemporain, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Arts

Le geste du regard, mars 2017, 104 pages, 20 € . Ecrivain(s): Renaud Ego Edition: L'Atelier Contemporain

 

Il est parfois difficile de restituer le goût d’un livre à travers quelques propos dialectiques, par exemple. Ce qui est beau est compris universellement sans concept comme on le sait depuis Kant. Et, avec le très beau livre de Renaud Ego, on retrouve cette beauté, à la fois par le sujet traité et par le traitement du sujet. En effet, cette langue claire de l’ouvrage ne s’abîme pas dans le secret de l’art pariétal, mais au contraire, lui redonne une dimension supplémentaire en interrogeant la question du regard, l’acte de regarder et de saisir des images – soit ici, saisir comment l’homme est présent et quitte son habit animal.

Donc, il faut remercier Renaud Ego de nous donner à lire une étude passionnante sur le sujet de l’origine ; origine de l’homme qui se sépare de l’animal, homme de l’origine ; figures originelles, figures originaires. D’ailleurs, selon sa thèse, le début s’étire sur des millénaires de fabrication de pierres bifaces, où R. Ego imagine un au-delà de l’outil, une première forme spectaculaire de la symétrie du corps humain.

L’Enfant aux cerises, Jean-Louis Baudry

Ecrit par Didier Ayres , le Mercredi, 25 Janvier 2017. , dans L'Atelier Contemporain, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Arts

L’Enfant aux cerises, 2016, préface et photographies Alain Fleischer, 20 € . Ecrivain(s): Jean-Louis Baudry Edition: L'Atelier Contemporain

 

L’Atelier contemporain publie en cette fin d’année un livre très utile et beau, illustré de photographies d’Alain Fleischer. C’est L’Enfant aux cerises de Jean-Louis Baudry, livre qui permet et autorise une réflexion sur la peinture. D’ailleurs, il s’agit surtout d’un recueil de douze articles pour la presse ou pour des catalogues, qui pousse le lecteur à se pencher sur les grandes interrogations de la peinture : est-elle un art du silence ? est-elle un art du temps ? comment s’articule ce qu’elle semble dire et ce que nous en disons ? quel est l’effet de la chose peinte sur l’homme d’aujourd’hui (qui peut accéder à la peinture par des reproductions) ? comment recueille-t-on en soi cette reproduction de la vie (car pour Jean-Louis Baudry, la peinture semble d’abord être figures) ?

C’est à cette rhétorique que fait appel le livre, et – peut-être même, surtout – dans une écriture d’une délicatesse extrême, ressemblant à des pages de la littérature romanesque (je pense à Proust, dont les premiers mots de La Recherche correspondent étrangement à la première phrase de l’ouvrage de J.-L. Baudry). Oui, une littérature qui s’enroulerait autour des sentiments les plus profonds, les sentiments de l’enfance (ce qui laisse entendre comment chacun de nous a été pris à un moment ou un autre par des images peintes – pour J.-L. Baudry il s’agit d’une lithographie de L’Enfant aux cerises qui ornait sa chambre). L’enfance comme imago.

L’enfant aux cerises, Jean-Louis Baudry

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Samedi, 26 Novembre 2016. , dans L'Atelier Contemporain, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Arts

L’enfant aux cerises, novembre 2016, préface et photographies Alain Fleischer, 174 pages, 20 € . Ecrivain(s): Jean-Louis Baudry Edition: L'Atelier Contemporain

 

Le mouvement du livre de Baudry est un faux mouvement. Certes, il débute par deux textes intimes réussis où le sémiologue évoque comment enfant il est devenu « addict » aux images. S’enchaînent ensuite d’autres articles simplement repris et choisis par le théoricien. Il égraine ses goûts artistiques et prouve qu’avec le temps il s’oriente vers un bel art, celui qui s’intègre aux grands systèmes historiques d’appropriation dont l’ancien iconoclaste est devenu un gardien des temples.

Tous les textes montrent une homogénéisation d’un art qui devient la solution imagée et imaginaire des contradictions. Le livre représente le signe de réappropriation des maîtres-penseurs dans un moule dont ils assurent l’hypostase à la fois rationnalisante et spiritualisante. Au refoulement patent du sexuel répond une propension politique. Baudry fait preuve d’un sentiment de propriétaire sur la « chose » artistique. Dans la persistance d’un « je » imperator se déploient des morceaux choisis qui sont les « points de l’esprit » chers à Breton et qui font de chaque option de l’auteur une projection icarienne dans un lieu mental hors contradiction.

Chemins ouvrant, Yves Bonnefoy, Gérard Titus-Carmel

Ecrit par Marie-Josée Desvignes , le Vendredi, 30 Septembre 2016. , dans L'Atelier Contemporain, Les Livres, Critiques, Livres décortiqués, Essais, La Une Livres

Chemins ouvrant, Yves Bonnefoy, Gérard Titus-Carmel, préface de Marik Froidefond, 152 pages, 20 € Edition: L'Atelier Contemporain

 

« Je ne peins pas l’arbre qui se trouve devant moi mais seulement l’espace qui me sépare de lui », Claude Monet

 

Ce très bel ouvrage propose un dialogue entre Gérard Titus-Carmel et Yves Bonnefoy, présenté en préface par Marik Froidefond. Il contient également quelques reproductions ; les textes qui se croisent témoignent de la grande et profonde amitié qui unissaient les deux hommes. Dès sa première visite en 2003, Yves Bonnefoy écrira de très belles pages sur l’œuvre de Titus-Carmel.

« Selon Bonnefoy, écrit Marik Froidefond dans une préface qui tient la moitié de l’ouvrage ici, l’œuvre de Titus-Carmel s’ancre dans l’expérience première d’un désarroi radical que l’artiste partage avec quelques grands esprits du siècle – Giacometti, Beckett, Bataille, Freud, Kafka et d’autres encore, comme lui témoins du “négatif”, grevés du “sentiment de n’être plus”, dans l’espace du langage, que les visiteurs désemparés d’une maison désertée […] dont les portes béantes donnent sur le vent et la nuit ».