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Articles taggés avec: Zaoui Amin

Souffles - Tentation !

Ecrit par Amin Zaoui , le Lundi, 19 Mai 2014. , dans Chroniques régulières, La Une CED, Les Chroniques

 

 

J'adore le voyage dans les langues. La littérature est un voyage à risque, une aventure dans les zones interdites. Celles bourrées de mines antipersonnel ! L'écrivain porte, en permanence, une ceinture explosive! La langue c'est moi. Elle est à moi. Egoïsme. Possession. Obsession ! J'écris en français mais en arabe algérien ? Et j'écris l'arabe algérien en français. Dans les grandes villes réelles ou imaginaires, qu'importe: Jérusalem, Béjaïa, Rome, Constantinople, Thèbes, Tolède, Tombouctou, Fès, Samarkand... l'hospitalité est une religion. De même dans les langues. Elles aussi cultivent leurs hospitalités. Les langues se parlent, se jalousent ! Toute langue créative est individuelle ! Personnelle! Par hospitalité langagière, dans mon français à moi, habite l'arabe algérien! Et dans mon arabe à moi, confortablement s'installe le français.

L’intellectuel-berger, en Algérie

Ecrit par Amin Zaoui , le Lundi, 05 Mai 2014. , dans Chroniques régulières, La Une CED, Les Chroniques

Série "Souffles"...

 

« Ici, dans ce nulle part, derrière un troupeau de brebis comme celui-ci, par un jour d’été, mon oncle est venu m’annoncer la bonne nouvelle : Tu as eu ton bac. Et une autre vie a commencé, en ville ».

Ce paragraphe n’est que l’identification de la photo d’un jeune écrivain algérien postée sur un compte Facebook. Souriant et nostalgique, cet intellectuel pose derrière un troupeau de brebis et de moutons et autres belles créatures herbivores. Ce qui m’a frappé dans cette histoire, ce n’est ni la photo ni la nostalgie du lieu ou du troupeau, mais cette avalanche de commentaires venant de la part d’une dizaine d’autres écrivains, universitaires, journalistes et autres intellectuels, qui tous confirment que eux aussi ont vécu la même expérience. Ils sont nés institutionnellement derrière les brebis. Ils sont bergers. Je respecte cette appartenance sociale pastorale. Et j’adore les brebis, et les lieux reculés me fascinent. Mais au-delà de la nostalgie rurale qui peut être justifiée, cette situation de l’intellectuel-berger algérien m’interpelle.

Mohamed Choukri et Tanger (les écrivains et leurs villes)

Ecrit par Amin Zaoui , le Vendredi, 18 Avril 2014. , dans Chroniques régulières, La Une CED, Les Chroniques

Souffles...


Mohamed Choukri et Tanger, Sayeh Habib et Saïda, Ahlem Mosteghanemi et Constantine, Med Meflah et Relizane… à chacun sa Mecque, son mur des lamentations, son miroir et son amour. Aux yeux des écrivains, les murs des villes ne sont pas des pierres, ils sont l’âme, la mère et la langue.

Les rues ne sont pas des allées et des trottoirs, elles sont les chansons, les amis et les avenirs. En août 1991, pour la première fois je visite Tanger. J’arrive dans cette ville légendaire pour rencontrer l’écrivain Mohamed Choukri, auteur du célèbre roman autobiographique Le pain nu, pour échanger avec lui sur l’audace de l’écriture autobiographique. J’ai mémorisé cette rencontre dans l’émission Akwas (Parenthèses) que je produisais et animais pour le compte de la Télévision algérienne. Nous arrivons au Maroc par route : le réalisateur, le caméraman, le chauffeur et moi-même. Il était presque minuit lorsque nous sommes arrivés à Tanger. Une ville légendaire grâce aux écrits de l’Américain Paul Bowles, le Français Jean Genet, l’Espagnol Juan Goytisolo et d’autres. Je n’avais pas l’adresse de Mohamed Choukri. Son téléphone à la maison ne répondait pas.

Ibn Khaldoun : la Kabylie, la femme, le couscous et le burnous !

Ecrit par Amin Zaoui , le Mardi, 01 Avril 2014. , dans Chroniques régulières, La Une CED, Les Chroniques

 

 

Souffles. In "Liberté" (Algérie)

 

En réponse à une question relevant des frontières du pays des Berbères avec brio, Ibn Khaldoun (1332-1406) a dit : la contrée des Berbères débute là où les hommes portent le burnous et s’arrête là où les gens ne mangent pas du couscous. Ce propos parvenant d’un savant de la taille d’Ibn Khaldoun nous rappelle la place déterminante qu’occupent l’art vestimentaire et l’art culinaire dans la définition de l’identité d’un peuple. Le costume est une langue. L’habillement n’est pas neutre. Tout est codifié, significatif et porteur de messages.

L'obsession : le roman arabe contemporain est malade !

Ecrit par Amin Zaoui , le Mercredi, 19 Mars 2014. , dans Chroniques régulières, La Une CED, Les Chroniques

 

SOUFFLES ...


Je ne veux pas tomber dans des généralités infécondes, mais ce que je développe est phénoménal et mérite d’être pensé. Repenser. Le roman arabe contemporain est otage d’obsessions. Il est obsédé par la politique, démesurément idéologique. Il est fait de dénonciations, de lamentations et de “faux barrages” dressés par les islamistes ! Et parce qu’ils sont hantés par une seule obsession, les romanciers arabes écrivent la même chose, dans un même texte qui change de titre. Ils écrivent de la même façon la même amertume. Dans un monde Arabo-musulman où le romancier, dans sa vie privée comme dans ses pensées politiques ou philosophiques, est assiégé par une chaîne de montagnes d’interdits, de toutes couleurs, dans ce monde où la liberté individuelle est confisquée, l’individu n’est qu’un rien appartenant à un troupeau qui, à son tour, aux yeux des pouvoirs, n’est qu’un double rien !