Identification

Articles taggés avec: Gosztola Matthieu

Ici suivi de Éloge du vent, Max Alhau

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Mardi, 17 Avril 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Editions La Porte

Ici suivi de Éloge du vent, 2017 . Ecrivain(s): Max Alhau Edition: Editions La Porte

 

Se tenant face au vent, à sa douce immensité (souvent)en caresse, Max Alhau est à « l’écoute de ces paroles qui furent [s]iennes et qui ne sont plus qu’un écho à travers le temps ». Il a fait choix de « prendre la terre telle qu’elle se donne », et de regarder « au plus épais des forêts quelles étoiles les éclairent ». Marchant, marchant, marchant, il cherche à être entraîné « au plus loin d’une vie sans frontière ».

Au plus loin ? Ici.

Ce qui est une manière belle de cheminer au-dedans de soi.

Dans une douceur tremblée qui ne renie rien de la profondeur du noir de fumée, Max Alhau dit la beauté qu’il y a à être là, comme un chuchotis, face aux sources, aux arbres, aux fontaines, à être là pour – déjà – disparaître, pour être – sans nulle douleur – ce frisson de source sur de la mousse, dans une forêt enchantée prenant le temps de venir saluer, de sa main peuplée d’oiseaux et de papillons de nuit (plus particulièrement le Manteau à tête jaune et la Phalène rustique), le mouvant des nuages.

Pour saluer la parution de Jack London dans la Pléiade

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Vendredi, 02 Février 2018. , dans La Une Livres, La Pléiade Gallimard, Les Livres, Nouvelles, Roman, USA

Jack London, Romans, récits et nouvelles . Ecrivain(s): Jack London Edition: La Pléiade Gallimard

 

 

Jean-Marie Rouart, dans un texte intitulé « Je demandais aux livres : “Comment fait-on pour vivre, pour aimer, pour être heureux ?” » (paru dans la revue Commentaire en 2015), écrit ceci :

« Je n’imaginais pas que j’éprouverais autant d’émotions en remettant mes pas dans des coups de foudre parfois anciens. Soudain je retrouvai intacte mon ancienne ferveur en relisant […] le début du Peuple de l’abîme de Jack London ».

 

Reprenons ce début, tel qu’il est traduit par Véronique Béghain, dans le volume de la Pléiade :

De l’avantage d’être en vie, Mathieu Terence

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Vendredi, 12 Janvier 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Gallimard

De l’avantage d’être en vie, 128 pages, avril 2017, 12 € . Ecrivain(s): Mathieu Terence Edition: Gallimard

 

Mathieu Terence écrivait dans Petit éloge de la joie (Folio, 2011) : « La joie n’est pas volontaire. Elle ne se décide pas, pas plus qu’elle ne se décrète. Il faut fuir comme la peste ceux qui en vendraient la recette. En revanche, la joie exige un climat favorable : un état d’esprit pareil à un état de grâce. Le climat favorable se favorise ».

Dans la lignée d’Ezra Pound, qui lance : « Que l’amour m’apprenne à composer un chant qui ne soit ni second, ni troisième, mais premier à libérer le cœur aigri », De l’avantage d’être en vie nous invite, fragment après fragment, à cet « état d’esprit pareil à un état de grâce ».

Le programme de cet essai peut se résumer ainsi : « Une sagesse est à opposer au nihilisme. Une sagesse échappant à ses prédicats morbides, à son hypnose consumériste et à sa dangereuse frustration. […] On peut cultiver son second souffle et rompre son isolement en partageant la joie d’une vie délivrée du conditionnement mélancolique, une vie véridique. On peut célébrer l’avantage d’être en vie ».

Rien de trop, éloge du haïku, Antoine Arsan

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Lundi, 18 Décembre 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Poésie, Gallimard

Rien de trop, éloge du haïku, 2017, 11 € . Ecrivain(s): Antoine Arsan Edition: Gallimard

 

À la suite de l’indispensable Fourmis sans ombre, le livre du haïku, anthologie-promenade de Maurice Coyaud (Phébus, 1978), Antoine Arsan dirige notre regard vers le haïku, en essayant (il s’agit de tracer une voie directe) de gommer toute espèce d’intermédiaire qui serait, en définitive, futile bavardage, rappelant la façon qu’a cette forme poétique d’être accessible « à tous, sans initiation ni propédeutique ». Pour autant, si le haïku parle « au cœur sans intermédiaire obligé », si son essence « est profondément populaire », il atteint « dans l’expression une délicatesse, une élégance, un raffinement qui relèvent d’une forme inédite d’aristocratie ».

Mais un haïku, qu’est-ce exactement ?

« Forme poétique proprement japonaise, le haïku est la version ramassée en dix-sept syllabes d’un poème qui en comportait à l’origine trente et une – expression plus déliée que celle de la poésie officielle, longtemps inspirée du modèle chinois. Cette version courte s’est imposée à l’usage, tant par sa légèreté […] que par sa difficulté, beaucoup plus stimulante. […] [N]i élégiaque, ni lyrique, le haïku s’attache à saisir l’instant dans ce qu’il a d’insaisissable. Il se nourrit pour l’essentiel de la nature et du quotidien de la vie, dans une approche qui peut dissimuler une délicate subjectivité ».

Rouge sang-dragon, Colette Prévost (2ème critique)

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Mardi, 21 Novembre 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Les Vanneaux

Rouge sang-dragon, avril 2017, 80 pages, 15 € . Ecrivain(s): Colette Prévost Edition: Les Vanneaux

 

Dire « le tremblé de la lumière / l’épaisseur vivante de l’espace », c’est ce à quoi s’emploie Colette Prévost.

Qui cite Henry Bouillier et son introduction à l’édition critique des Stèles de Victor Segalen, en ouverture de Rouge sang-dragon : « On voudrait pouvoir définir avec rigueur les rapports entre les combinaisons de volumes, de couleurs, de son, et l’ébranlement affectif qu’elles provoquent dans le cœur de celui qui les contemple et qui les entend ».

Et Colette Prévost d’ajouter : « Cet “ébranlement affectif” m’a frappée lorsque j’ai vu les tableaux de Max Mitau, plasticien bordelais, qui puise son œuvre à pleines mains dans les pigments purs. Ses tableaux m’ont forcée à l’arrêt debout, face à leurs faces comme l’exprimait Victor Segalen à propos de ses Stèles. Dans l’œuvre de Mitau la lumière traverse le minéral, coloré ou ténébreux, comme l’œil de la stèle de bois qui ornait certaines stèles percées d’un trou rond par où l’œil assuré du ciel lointain vient viser l’arrivant. Je me suis sentie transpercée, à nu. Mitau, forgeron ou alchimiste, je ne sais… le pigment sang-dragon, exsudat de l’arbre sang-dragon, l’étrange dragonnier de l’île de Socotra au large du Yémen, donne ce rouge puissant, alchimique, ou celui de l’atelier-forge… ».