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Polars

Les doutes d’Avraham, Dror Mishani

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 20 Octobre 2016. , dans Polars, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Seuil, La rentrée littéraire, Israël

Les doutes d’Avraham, octobre 2016, 274 pages, 20 € . Ecrivain(s): Dror Mishani Edition: Seuil

 

 

Dror Mishani nous a concocté des retrouvailles attachantes avec l’inspecteur Avraham*, promu chef de la section des homicides de Holon, dans la banlieue sud de Tel-Aviv. Cette promotion n’est d’ailleurs pas le seul changement dans la vie du policier. Son amie Marianka, rencontrée lors de sa précédente enquête en Belgique, l’a rejoint en Israël et vit avec lui. Deux bouleversements qu’Avraham éprouve bien du mal à digérer.

Tout d’abord sa promotion. Voici qu’un meurtre survient – une veuve sexagénaire étranglée dans son appartement. Du classique pour Avraham sauf que, cette fois, il est responsable statutairement de l’enquête et que cela le jette dans une anxiété profonde. Sera-t-il à la hauteur ? Surtout, saura-t-il manager ses subordonné(e)s ? L’ombre de sa supérieure, Ilana Liss – absente pour soigner un cancer – l’obsède et la tentation de l’appeler pour lui demander conseil sera constante.

Casal ventoso, Fredrik Ekelund

Ecrit par Marc Ossorguine , le Samedi, 17 Septembre 2016. , dans Polars, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Pays nordiques, Roman

Casal ventoso (Casal ventoso, 2005), éd. Gaïa, 2015, trad. suédois Philippe Bouquet, 206 pages, 19 € . Ecrivain(s): Fredrik Ekelund

 

Le monde du polar est un monde très ancré dans la géographie, à chaque auteur sa ville ou son coin de pays, à chaque détective sa ville, son climat… L’édition met même en avant des « écoles » de polar en fonction de cette géographie, pas toujours très pertinente en terme de style ou de genre. Ainsi du polar américain, anglais, italien, espagnol ou scandinave. Effet de mode ou vraie identité littéraire ? Sans doute un peu des deux. En tout cas cela fonctionne bien sur les tables des libraires et dans la critique littéraire, et donc de l’édition. Depuis quelques années les pays du nord ont le vent en poupe en la matière et tout éditeur un peu important se doit d’avoir dans son catalogue son ou ses auteurs de noir du nord.

Fredrik Ekelund est un de ceux-là. Alors que la filière suédoise pouvait sembler s’épuiser, les éditions Gaïa se sont attachées à nous le faire découvrir à travers les enquêtes de l’inspecteur Hjalle Lindström et de sa co-équipière et compagne Monica Gren. Leur base est le port de Malmö, tout au sud de la Suède, à un bras de mer et un pont autoroutier du Danemark et de Copenhague. Une agglomération qui rassemble quelques 560.000 habitants…

La peine capitale, Santiago Roncagliolo

Ecrit par Philippe Leuckx , le Jeudi, 15 Septembre 2016. , dans Polars, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Amérique Latine, Roman, Métailié

La peine capitale, avril 2016, trad. espagnol François Gaudry, 382 pages, 20 € . Ecrivain(s): Santiago Roncagliolo Edition: Métailié

 

Quatrième livre d’un jeune auteur (né à Lima en 1975), déjà fêté pour son premier roman Avril rouge (2008), ce thriller politico-social entraîne le lecteur dans un imbroglio haut en couleur, dont le contexte est admirablement bien rendu. Sur fond de Mundial 1978 au Pérou, quand les activités publiques et privées sont réduites à leur plus simple expression, puisque tout le monde suit à la télévision les retransmissions des matches, un simple employé, assistant aux archives du Palais de Justice de Lima, enclenche presque sans le savoir une mécanique d’enquêtes, d’éclaircissements, de courses poursuites, et tout ça à partir d’un document mal classé, petite boule de neige de papier qui va huiler toute une intrigue.

Ce petit employé s’appelle Félix Chacaltana. Il vit encore chez sa mère, très dominatrice, très pieuse, très encombrante. Il a un directeur des archives qui passe le plus clair de son temps à regarder le foot. Félix est bien le seul à se préoccuper de son travail, et il doit joliment emmerder tout son petit monde par ce que les autres appellent des lubies : marottes de classement, souci précautionneux de ne pas faire de gaffes ; bref un employé modèle dans un monde qui s’en fout, endormi dans les conventions, assommé par la chaleur et anesthésié par le Mundial, sans parler bien sûr de la chape de plomb du régime militaire qui voit des subversifs partout.

Le dragon du Muveran, Marc Voltenauer

Ecrit par Marc Ossorguine , le Jeudi, 25 Août 2016. , dans Polars, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, La rentrée littéraire, Slatkine

Le dragon du Muveran, Ed. Plaisir de lire (Suisse), octobre 2015, 660 pages, CHF 23.- (17,50 €), août 2016, 516 pages, 19,50 € . Ecrivain(s): Marc Voltenauer Edition: Slatkine

 

Un polar montagnard et vaudois

Mû pas des souvenirs lointains, le lecteur que je suis butinait il y a quelques jours sur le réseau en quête d’un nouveau fond d’écran, une image du grand et du petit Muveran, montagnes vaudoises qu’il avait souvent admirées (et photographiées) dans son enfance… et, surprise, il reconnaît l’image d’un village familier qui fait l’annonce d’un roman récemment publié en Helvétie : un clocher de pierre avec le Grand Muveran en arrière-plan… Un polar qui se passe dans le village où j’ai passé tant de mois de vacances ! Une seule urgence s’impose alors : le trouver et le lire !

Le Dragon du Muveran, premier roman de Marc Voltenauer, se passe effectivement dans le village de Gryon et, au-delà de son décor, évoque et remue de façon très personnelle pour l’auteur de cette chronique, c’est en plus un bon, un très bon polar. Une vraie réussite dont les 660 pages (presque 666 !) ne m’ont pas résisté plus de trois jours.

D’ombres et de flammes, Pierric Guittaut

Ecrit par Martine L. Petauton , le Samedi, 09 Juillet 2016. , dans Polars, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Série Noire (Gallimard)

D’ombres et de flammes, mai 2016, 299 pages, 18 € . Ecrivain(s): Pierric Guittaut Edition: Série Noire (Gallimard)

 

Il y avait eu cette Fille de la pluie, que la CL avait beaucoup aimée, déjà grandement marquée du sceau de l’originalité, et voilà ce D’ombres et de flammes. Pierric Guittaut n’écrit visiblement pas les polars de tout le monde ; fussent les impeccables productions de la Série noire Gallimard. Cet homme écrit de forts beaux et prenants romans, à part entière et constamment à part ; il se trouve qu’en plus, ce sont des polars.

L’homme vit en Berry, versant solognot ; pays des « jeteux de sorts ». Solitudes forestières, landes, bruyères, eau d’étangs improbables, et brume jusqu’à pas d’heures. Légendes et nature hautement inquiétantes, imbriquées forcément ; bêtes – peut-être, esprits – sans doute ; sorciers – toujours…

Le titre – sonorités d’un bon vieux western, ce qu’est aussi ce livre – aurait pu être un simple « part d’ombre », résumant le héros, major de gendarmerie, Remangeon, qu’une mutation quasi disciplinaire (et déjà maléfique) rabat pile dans son village natal de Sologne : « Treize années depuis sa dernière visite ; treize, comme pour confirmer le sort mauvais qui s’acharne sur moi… »