Elle marchait sur un fil, Philippe Delerm
Elle marchait sur un fil, avril 2014, 214 pages, 17 €
Ecrivain(s): Philippe Delerm Edition: Seuil
Une femme seule
Marie a la cinquantaine. Elle vient d’être quittée par son mari, Pierre, avec qui elle a vécu pendant trente ans. Hagarde et seule, elle fait des allers retours entre Paris et la Bretagne. Passionnée par le théâtre, elle communique cette passion à sa petite-fille et aide un groupe de jeunes à monter le spectacle qu’elle n’a pas pu réaliser avec son fils, Etienne. Cependant, derrière la femme active se cachent des fêlures et des échecs. Marie se jette corps et âme dans le spectacle. C’est une fuite en avant, un oubli de soi jusqu’à la l’ultime trahison, la tragédie finale…
Elle marche sur un fil est un roman intimiste qui trace le portrait d’une femme brisée, broyée par la solitude et guettée par la folie. Autour d’elle tous s’éloignent et s’inquiètent de son glissement de plus en plus profond en elle-même jusqu’à la dernière seconde. Le roman insiste sur cette brisure, cette vie qui s’étiole faute d’amour et par frustration. Marie est tour à tour un être fragile, malade et détestable par son manque d’entrain. Elle est un être à bout de souffle, une femme qui ne se remet pas en question et qui aime contempler sa chute au sens propre comme au sens figuré.
Que dire de plus sur ce roman lorsque le lecteur a fini la dernière page ? Bien qu’il sache saisir les instants fragiles d’une vie, il y a tout de même un caractère narcissique quelque peu risible. Philippe Delerm exploite les clichés tels que le désamour, le départ d’un époux pour une femme plus jeune, la vieillesse esseulée d’une femme d’âge mûr et bien sûr un goût prononcé pour le jeunisme. Ce sont des thématiques maintes fois servies par la littérature française dont la particularité (ou le péché) est d’insister sur une psychologie à peine affleurée et une déconnexion totale avec le monde environnant dans lequel vit et évolue le personnage.
Le contemplation de soi atteint ici son apogée. Le roman devient alors soporifique, simpliste n’effleurant que la surface des êtres et laisse ainsi le lecteur sur sa faim.
En conclusion, c’est une œuvre qui manque d’épaisseur et d’originalité à cause de l’absence d’une vraie écriture romanesque.
Victoire Nguyen
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