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"Souffles". La 404... !!!

Ecrit par Amin Zaoui , le Mercredi, 04 Septembre 2013. , dans Chroniques régulières, La Une CED, Les Chroniques

 

La 404 est la voiture de toute la mémoire de la nation. Sur le dos de la 404 notre histoire a été construite. Du moins, une grande partie ! Elle est toute une mémoire, toute une histoire ! La 404 a marqué des générations. La 404 est la monture magique qui a façonné l’imaginaire de deux générations algériennes et maghrébines. Peut-être un peu plus. La monture extraordinaire qui a su quand et comment transporter l’intelligentsia rurale algérienne vers la cité. Chaque intellectuel, sans exception aucune, détient en lui, dans ses tréfonds, des souvenirs palpables envers ce véhicule.

La 404 ! La 404 est la voiture célébrée, narrée, dite, chantée, peinte, décrite… par un grand nombre d’écrivains algériens et maghrébins. Dans la poésie comme dans le roman. En arabe littéraire comme en tamazight, en français comme en dialectes. De Kateb Yacine jusqu’à Tahar Djaout. De Tahar Ouatar jusqu’à Mohamed Meflah. De cheikh El Hasnaoui jusqu’à Brahim Tazaghart. Tout ce monde de la création était fasciné par cette 404.

Tunisie : Tahar Haddad, la leçon mal apprise

Ecrit par Amin Zaoui , le Samedi, 24 Août 2013. , dans Chroniques régulières, La Une CED, Les Chroniques

 

Tahar Haddad (1899-1953). Il était, par excellence, l’intellectuel pionnier du modernisme en Tunisie. Aimé et applaudi par les uns, rejeté et blasphémé par d’autres. Mais, face à tout ce qui se passe, ces jours-ci, en Tunisie, on dirait que rien n’a changé, rien n’a été fait depuis l’époque de cet éclaireur de la modernité. Sommes-nous en Tunisie des années 30 ou en celle de 2013 ? Audacieux par et dans ses écrits, Tahar Haddad a été menacé par les forces salafistes conservatrices qui ne cessaient de tirer sa Tunisie vers l’obscurantisme et la régression. En regardant autour de nous, nous constatons qu’après un siècle ou presque, les mêmes forces des ténèbres continuent à tuer la lumière dans ce beau pays, la Tunisie.

Tahar Haddad, ce fils hors pair de Tunis fut un visionnaire. Penseur, poète, syndicaliste et journaliste. Il était tout cela en un. Présent sur tous les fronts pour défendre une seule cause : la lumière et la raison. Dans son œuvre controversée, son livre le plus connu, intitulé Notre femme dans la charia et la société (1930), Tahar Haddad se range sans ambiguïté au côté des droits de la femme. En appelant ouvertement, sans confusion aucune, à l’abolition de la polygamie dans le monde arabo-musulman, Tahar Haddad s’affiche en défenseur farouche du droit de la femme à la citoyenneté.

Derrida, El Maâri, Baudelaire, Abou Nouas et les autres

Ecrit par Amin Zaoui , le Lundi, 24 Juin 2013. , dans Chroniques régulières, La Une CED, Les Chroniques

 

In "Souffles" (Liberté)

 

Pourquoi la modernité dans la littérature arabe a-t-elle échoué ou tardé ? Pourquoi, après presque un siècle depuis la publication du roman autobiographique Les Jours de Taha Hussein – ce roman a été publié en 1929 traduit en français et préfacé par André Gide –, le courage littéraire a-t-il régressé dans le monde littéraire arabe ? La bonne littérature a reculé ? La raison s’est éclipsée ? La critique s’est marginalisée ? On va droit, de plus en plus, dans le mur, vers l’abîme ou dans l’obscurité. Les intellectuels arabes ont raté leur rendez-vous avec la modernité, tout simplement, parce qu’ils ont coupé, d’un côté, avec leur patrimoine osé et rationnel, et de l’autre côté, faute de la traduction, avec les richesses de la pensée humaine. Les écrivains arabes, à l’image du lecteur arabe, même quand ils sont occupés par la littérature universelle se trouveront face à des écrits faussement traduits.

Partagez la littérature, le sel et l'eau

Ecrit par Amin Zaoui , le Mardi, 11 Juin 2013. , dans Chroniques régulières, La Une CED, Les Chroniques

 

"Souffles" (in Liberté, Alger)

 

Nous sommes le peuple du partage. Le partage est l’essence, et le sens de la vie. On se partage le pays, son soleil, ses langues et son histoire. Du moins ce qu’il devrait être, ce qu’il fallait être ! Pour vivre ensemble, mais en différence, en multiplicité, en pluralité et en diversité, il faut que le partage soit une culture et un comportement. Afin que le partage prenne son goût, il faut accepter l’autre. S’accepter en présence de l’autre. On partage les souffles du corps, son feu et sa cendre, avec celle qu’on aime, afin de voir la vie autrement, belle et élevée. Les jours coulent dans le miel et dans la flamme. On partage le bonheur, même si le bonheur n’est qu’illusion, avec ceux frappés par le malheur. On partage le malheur, même si le malheur est une réalité, afin de vérifier la patience des autres, et la nôtre aussi. On partage le plaisir d’écrire avec le lecteur, afin de déguster la magie du mot et le spiritisme du verbe. Sans le partage, il n’existera ni l’envie de l’écriture, ni celle de la lecture.

Le traître de sa mère !

Ecrit par Amin Zaoui , le Mardi, 14 Mai 2013. , dans Chroniques régulières, La Une CED, Les Chroniques

Mais par un jour, j’ai constaté que la langue de Yemma n’est pas tout le ciel d’Allah ! Le transistor radio allumé, diffusant le journal d’informations et autres choses obscures ! j’écoutais, et je ne comprenais rien ! Mon frère aîné, le nez dans un livre, m’a poussé vers une autre envie d’évasion. Jeté dans une école, j’ai appris une autre chose. Une autre langue, que ma mère ne comprenait point ! Ne déchiffrait rien. Dans mes cahiers, mes livres, je me sens tout seul ! Sans ma mère ! Je commence une évasion dont ma mère n’est pas l’actrice, ni l’observatrice, ni la contrôleuse ! Malika, elle aussi s’éloigne !

J’avance d’un pas dans la langue des cahiers, la langue arabe classique, pour reculer de deux dans la langue de ma mère. Je perds l’écoute ! Je perds le conte ! Je perds ma mère ! Je perds Malika ! Je lisais les livres dans une langue étrange pour moi et étrangère à ma mère !

La route des épices :

Puis, un jour, un autre jour, le nez dans les Mouallakat (la poésie antéislamique) ou diwan El-Mutanabbi, mon père pointa à ma tête, sur un ton impérial, m’adressa l’expression suivante : arrête cet arabe. Il ne te servira à rien.