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Le complot : Arrêtez de pleurnicher !, par Amin Zaoui

Ecrit par Amin Zaoui , le Lundi, 24 Août 2015. , dans Chroniques régulières, La Une CED, Les Chroniques

 

Arrêtez de pleurnicher, SVP !

La théorie du complot est la cause de tous nos maux !

Depuis l’indépendance, les Algériens, tous les Algériens sans exception aucune, sont frappés par une maladie bizarre appelée : « c’est la faute de l’autre ».

Nous mettons sur le dos de l’autre toutes nos fautes, toutes nos conneries, toutes nos idioties. Une défaite économique qui secoue le pays, le pays qui a la capacité de faire manger tout un continent, et voici tout le monde qui hurle : c’est l’étranger qui nous a causé cela ! C’est l’Occident athée qui bloque notre développement ! Un complot !

Une femme qui passe dans la rue, synonyme d’une catastrophe morale ! Dire que nous sommes le pays des anges, le peuple élu, et voici les insultes qui pleuvent sur la femme qui ne respecte pas les mesures de sa jupe ! Et qui fait des bulles avec son chewing-gum dans la rue ! et ce n’est que l’Occident malsain, impur, qui se cache derrière l’histoire de la jupe et la honte des bulles de chewing-gum dans la bouche d’une femme musulmane. Et c’est la jupe courte et les bulles de chewing-gum qui sont la cause de notre sous-développement ! Un complot !

Baccalauréat ! par Amin Zaoui

Ecrit par Amin Zaoui , le Jeudi, 02 Juillet 2015. , dans Chroniques régulières, La Une CED, Les Chroniques

 

Jadis, le baccalauréat avait son miel pur ! Il avait sa peur douce ne ressemblant à aucune autre peur. Une peur semblable à celle de la circoncision ! Douleur en douceur annonciatrice de la virilité ! Le bac nous faisait rentrer dans la cour des grands !! Et, il avait un bonheur sans pair, une sensation unique !

La veille du bac, la nuit fut longue. Très longue, à la longueur d’une année, un peu plus ! Dans l’oreiller de laine s’installent toutes les angoisses.

Le matin, avant de prendre le chemin du centre d’examen, je me sentais hanté par la crainte d’oublier quelque chose : la règle, le deuxième stylo ! La gomme, le crayon, la pièce d’identité ou encore la convocation…

Les candidats, sans exception aucune, étaient, en ce jour-là, bien habillés. En neuf ou en propre. Bien coiffés ! En chic. Les garçons comme les filles.

C’était un jour qui ne ressemblait pas aux autres.

On ne vit pas deux fois le bac !

Les contrées de femmes-malédiction !

Ecrit par Amin Zaoui , le Jeudi, 18 Juin 2015. , dans Chroniques régulières, La Une CED, Les Chroniques

 

Azul Picasso !

Par excellence, la femme et l’art représentent l’ennemi farouche des islamistes. Pourquoi la femme et l’art font-ils peur aux islamistes ? Tout simplement, parce qu’ils symbolisent le chemin ascendant vers la liberté et vers la beauté.

En permanence, les Algériens, de même les Arabes et les musulmans, ont la tête et l’œil collés, braqués sur une seule partie du corps féminin !? Focalisation sur un seul organe ! Hallucination ! Obsession ! Quatre-vingt-dix pour cent de leurs discours tournent autour de la nudité ou autour de la couette sur le corps féminin !

Habité par cette situation maladive obsessionnelle, et afin de dénoncer cet état sociétal inhumain, j’ai écrit Le Miel de la sieste, roman paru aux éditions Barzakh 2014, dans lequel je raconte l’histoire d’un petit garçon, Anzar, né avec une malformation génitale. Il est né avec deux petites boules asymétriques. Et voici la folie qui court tout le village : la maman, la tante, la sœur, le père, l’oncle… tout le monde est affolé. L’état d’urgence décrété dans le village. Un enfant avec deux testicules inégaux ! Le ciel va tomber sur les têtes !

Blanchiment d’Histoire, blanchiment du Passé, par Amin Zaoui

Ecrit par Amin Zaoui , le Lundi, 01 Juin 2015. , dans Chroniques régulières, La Une CED, Les Chroniques

 

Nous sommes les enfants malheureux d’une longue dynastie d’échec. Nous sommes les enfants de la déception. Partout les murs d’interdiction, de lamentation ou de désolation sont dressés. Dans les têtes, dans les textes et dans la cité. Dans ce monde arabo-musulman né avec une pathologie historiquement génétique, le rendez-vous avec la modernité est raté. Cette défaite qui perdure s’explique, à mes yeux, par la faillite de l’intelligentsia. Religieuse, politique, technique, littéraire et philosophique. La racine de cette faillite chronique généralisée a trouvé sa terre fertile dans la façon avec laquelle notre intelligentsia regarde, lit ou analyse son histoire. Retourner l’histoire ! Dans la façon avec laquelle cette intelligentsia noue son rapport avec le patrimoine local et universel. En somme, la façon avec laquelle elle compose avec le passé. Hier ! Nous sommes une société qui, depuis le cinquième siècle de l’hégire, le onzième selon le calendrier grégorien, fuyant son temps réel, son miroir, ne cherchant que refuge dans le passé. Elle avance vers le non-sens. Une société qui sacralise aveuglément le passé et ceux qui l’ont fabriqué. Dans un état pareil, le passé, notre passé, n’hésite pas à remplacer le futur, dans notre vécu comme dans notre imaginaire collectif. Confortablement, il occupe la place du présent. Sacraliser le passé est un signe de fanatisme. Nous vivons dans une société forgée dans une culture qui rejette le temporel.

Celui qui a « mangé » une bibliothèque ! par Amin Zaoui

Ecrit par Amin Zaoui , le Mardi, 26 Mai 2015. , dans Chroniques régulières, La Une CED, Les Chroniques

 

Le vaste monde se terminait aux pieds des quatre murs d’une grande salle, légèrement humide, avec des rayonnages en bois. Une splendide lumière du jour éclairait l’espace. Une grosse ampoule pendue au milieu du vide. Beaucoup de volumes, formats différents. Les petits et les grands. Les reliés et les nus. Ceux écrits de gauche à droite. Ceux écrits de droite à gauche. En bonne compagnie. Bon voisinage ! Il y avait des chaises en bois avec des pieds d’acier, au nombre de quarante-huit en tout. Le silence de cette salle régnant sur les douze tables ne ressemble point aux autres silences d’ailleurs.

Les tables et les chaises à l’image d’Aït Abdelkader, responsable de cette bibliothèque du village, n’ont jamais abandonné leurs places. N’ont jamais manqué leur rendez-vous. Ils sont là depuis le jour où j’ai mis pour la première fois les pieds dans ce lieu, foulant l’ambiance du parterre en carreaux noirs et blancs. J’avais à peine onze ans.

Depuis, je n’ai pas quitté le lieu. Plutôt, le lieu ne m’a jamais quitté ! Ssi Aït Abdelkader, on l’appelait ainsi, fut un homme de petite taille. Discret. Toujours debout dans son costume classique, chemise blanche et une cravate noire mouchetée. Sérieux et souriant ! Cet homme m’a ensorcelé. Il connaissait par cœur tous les titres de ces livres rangés, en toute quiétude, côte à côte sur des planches en bois couvertes d’une vaporeuse couche de poussière.