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Critiques

Désirable, Yann Queffélec

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 05 Septembre 2014. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Le Cherche-Midi

Désirable, juin 2014, 286 pages, 18,50 € . Ecrivain(s): Yann Queffélec Edition: Le Cherche-Midi

 

Désirable !

Le titre, éponyme du prénom d’une des héroïnes, peut s’appliquer à la qualité intrinsèque de ce roman d’amour, de bruit, de fureur, de violence, de souffrance et de dérision.

Désirable, en effet, c’est ce que devient immédiatement le texte, pour tout lecteur inévitablement pris de l’irrépressible faim dès qu’il a lu les premières lignes de lire les suivantes, de page en page, de chapitre en chapitre, jusqu’à la fin, jusqu’à cet instant frustrant où le cours s’arrête, où naît cette autre envie, prévisible, de replonger, de reprendre à la source, à l’amont du fleuve, et de se laisser à nouveau entraîner dans les tourbillons que connaît la vie de Nidivic en l’an 2015, temps du récit.

Nidivic et son épouse Yolanda trimballent un lancinant sentiment de culpabilité depuis que leur enfant a été emporté par une vague en 2004 alors qu’ils s’envoyaient en l’air derrière la dune…

Pavane pour une infante défunte, Park Min-Kyu

Ecrit par Marc Ossorguine , le Vendredi, 05 Septembre 2014. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Asie, Roman, Decrescenzo Editeurs

Pavane pour une infante défunte, traduit du coréen par Hwang Ji-young et Jean-Claude de Crescenzo, mars 2014, 325 p. 20 € . Ecrivain(s): Park Min-Kyu Edition: Decrescenzo Editeurs

 

Voici le premier roman traduit d’un auteur coréen (né en 1968) qui a déjà publié plusieurs romans et recueils de nouvelles, dont certains ont été primés dans son pays depuis 2003. Cette Pavane pour une infante défunte est un récit qui réussit à mêler histoire d’amour, humour taquinant l’absurde et critique sociale, le tout dans une construction de récit à tiroirs qui parvient à surprendre le lecteur en brouillant les pistes de la réalité et de la fiction.

Le narrateur âgé de 20 ans au début du récit est un peu mystérieusement tombé amoureux d’une jeune femme, dont la principale caractéristique est une laideur qui fait l’unanimité auprès de tous ceux qui la rencontrent. Etudiant désœuvré, il l’a croisée alors qu’il a trouvé un emploi dans un grand magasin où tous deux occupent des emplois des plus modestes. Timidement, une reconnaissance mutuelle, très platonique, va les rapprocher, laissant toujours une distance qui semble ne jamais vouloir se réduire totalement. Le lien qui s’installe entre eux semble si improbable, si irrationnel, si menacé par les désillusions déjà vécues, qu’il en devient presque impossible, comme un défi à la réalité du monde environnant où compétition et anonymat sont les façons d’avoir une place, même médiocre, mais une place tout de même.

La vie amoureuse de Nathaniel p., Adelle Waldman

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 04 Septembre 2014. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, USA, Roman, Christian Bourgois, La rentrée littéraire

La vie amoureuse de Nathaniel p. (The love affairs of Nathaniel p.) août 2014. Traduction Anne Rabinovitch. 331 p. 19 € . Ecrivain(s): Adelle Waldman Edition: Christian Bourgois

 

Si on vous dit que ce roman a pour héros un intello-Bobo new yorkais, écrivain journaliste de son état, ne fréquentant que des gens de préférence beaux, jeunes, riches et intelligents, et qu’il raconte ses aventures amoureuses compliquées entre Elisa, Hannah, Greer et quelques autres, vous avez de quoi vous inquiéter sur l’intérêt du roman. Et pourtant, ce voyage de quelques mois sur les sentes affectives de Nathaniel p. est passionnant ! On ne s’en rend pas forcément compte tout de suite mais après quelques dizaines de pages on tombe sous l’influence addictive de l’art narratif d’Adelle Waldman.

Qu’elles soient affectives ou sexuelles n’y fait rien : les vents et marées de l’aventure amoureuse restent des vents et marées, avec ce que ça implique de dangers, d’accalmies, de tempêtes, de risques de noyade. Et Nate (c’est son petit nom) affronte ces déferlements avec ce qu’il faut de cynisme et d’engagement, de distance et de fragilité, selon les jours, les femmes, les humeurs. Souvent avec mépris aussi.

Par ailleurs (exils), Linda Lê

Ecrit par Stéphane Bret , le Mercredi, 03 Septembre 2014. , dans Critiques, Les Livres, Essais, La Une Livres, Christian Bourgois, La rentrée littéraire

Par ailleurs (exils), août 2014, 168 p. 13 € . Ecrivain(s): Linda Lê Edition: Christian Bourgois

 

Quel peut être le rôle de l’exil, du déracinement dans la vision du monde d’un écrivain ? Frein, déclin ou ressourcement ?

Dans un essai intitulé Par ailleurs (Exils), Linda Lê aborde cette question en évoquant tour à tour le sort d’écrivains en dissidence, exilés de l’intérieur ou contraints au départ physique. Elle y évoque également le cas de ceux qui ont changé de langue pour écrire et s’approprier ainsi un nouvel univers intellectuel autant que linguistique. La conduite d’un exilé, apprend-on, doit éviter de nombreux écueils : Edward Saïd met en garde de tomber dans « le narcissisme masochiste » et de ne pas faire de l’exil un « fétiche, une pratique qui l’éloigne de tout rapprochement ou engagement ».

Sur ce qui déclenche l’exil, comme sentiment intérieur, Linda Lê cite avec grande pertinence André Gide qui avait en son temps mené bataille contre les liaisons dangereuses entre nationalisme et littérature. Il répondit que la France devait beaucoup « à un confluent de races » et que les grands artistes étaient « les produits d’hybridations et le résultat de déracinements, de transplantations ». Un autre exilé des lettres, Klaus Mann, vit dans l’exil un aiguillon, il se définissait comme « un cosmopolite d’instinct », « toujours inquiet, toujours en quête ».

L’Incroyable Histoire de Wheeler Burden, Selden Edwards

Ecrit par Cathy Garcia , le Mardi, 02 Septembre 2014. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, USA, Roman, Le Cherche-Midi

L’Incroyable Histoire de Wheeler Burden, traduit de l’anglais (USA) par Hubert Tézénas, 2014, 650 pages, 20 € . Ecrivain(s): Selden Edwards Edition: Le Cherche-Midi

 

 

Ce roman à la construction extrêmement élaborée, d’une densité vertigineuse, nous emporte avec son personnage principal dans un tourbillon d’évènements, dont une bonne partie a pour théâtre la ville de Vienne. Frank Standish Burden III, alias Wheeler Burden, champion de base-ball dans ses années étudiantes comme son père avant lui, puis célèbre musicien de rock des années 70, a abandonné la musique pour consacrer une dizaine d’années à l’écriture d’un livre. C’est suite à la sortie de ce livre, en 1988 donc, que Wheeler, rentrant d’une soirée qui lui était consacrée, se retrouve tout d’un coup à Vienne ! Ce fait est déjà fort surprenant, mais le plus incroyable, c’est que la Vienne dans laquelle il se retrouve ainsi transporté est la Vienne de 1897 ! Un inexplicable et soudain bond en arrière qui marque le début d’une aventure tout aussi impensable.